Tunisie. Des détenus politiques poursuivent leur grève de la faim

 Tunisie. Des détenus politiques poursuivent leur grève de la faim

Les familles des détenus politiques dans l’affaire dite de « complot contre la sûreté de l’Etat » ont annoncé mercredi 21 février que leurs proches incarcérés, en grève de la faim depuis 10 jours, comptent poursuivre leur mouvement de protestation « jusqu’à satisfaction de leurs revendications ». L’état de santé de certains d’entre eux serait déjà critique.  

 

Au cours d’une conférence de presse organisée par la coordination des familles des détenus politiques au siège du parti d’opposition Al Joumhouri à Tunis, les familles des détenus ont rappelé que leurs proches qui sont aujourd’hui détenus depuis 365 jours, n’ont pas encore été entendus hormis une unique fois au moment de leur arrestation par un juge d’instruction.

« 1 an de détention arbitraire… C’est un sinistre anniversaire, c’est bien la preuve en soi que leurs dossiers sont vides et que l’enquête n’a pas avancé d’un iota, faute d’éléments à charge contre eux », a commenté l’avocate de la défense Dalila Ben Mbarek Msaddek, sachant que la détention préventive peut légalement se poursuivre pour une durée maximale de 14 mois.

Pour la défense, les individus arrêtées sont des personnalités nationales qui exercent leurs activités politiques de plein droit dans le cadre d’un régime démocratique, et « leurs réunions étaient tenues en public et même sous surveillance des autorités ».

 

Des conditions de détention spartiates

Le militant historique de la gauche, Ezzedine Hazgui, père du détenu Jaouher Ben Mbarek, a par ailleurs fustigé les circonstances de détention des hommes politiques en question, « des conditions pires que celles des terroristes ». Selon lui, les familles sont depuis peu empêchées sans motif apparent d’avoir un contact direct avec leurs proches détenus qui n’ont pas quant à eux le droit d’envoyer ou de recevoir des lettres ni même des livres pour se changer les idées, leur droit humain le plus élémentaire.

L’épouse du détenu Issam Chebbi, Feiza Chebbi, a pour sa part rappelé que les détenus ont récemment pris la ferme décision de refuser de comparaitre devant le juge d’instruction en protestation contre la décision non motivée de prolongation de la période de détention et contre les mauvaises conditions de leur transfert qui se fait dans des véhicules vétustes appelés « véhicules de torture ».

Elle a en outre indiqué que les détenus ont entamé une grève de la faim depuis 10 jours en protestation contre « leur détention inique » et contre « l’étonnant silence du ministère public ». L’épouse du détenu Abdelhamid Jelassi, ancien cadre du mouvement islamiste Ennahdha, Monia Brahim, a souligné que la certains des grévistes de la faim souffrent de maladies chroniques et sont âgés de plus de 60 ans, ce qui nécessite une supervision médicale de tous les instants.

 

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Seif Soudani