40 naufragés bloqués depuis 10 jours au large de Zarzis

 40 naufragés bloqués depuis 10 jours au large de Zarzis

Les naufragés vivent depuis 10 jours à même le pont du navire ravitailleur en raison du refus des autorités tunisiennes de les laisser débarquer.


Cela fait 15 jours que 40 personnes ont pris la mer, dont cinq jours à la dérive. Après avoir été secourus près d’une plateforme pétrolière, ils ont été pris en charge par un navire tunisien, mais empêchés de débarquer en Tunisie. Cela fait maintenant 10 jours que les autorités tunisiennes refusent leur entrée sur le territoire alors que le navire n’est pas équipé pour accueillir des passagers.


« La situation n’a pas du tout évolué depuis 10 jours », explique Kiri Santer de l’organisation Watch The Med-Alarmphone, spécialisée dans le suivi des navires en détresse. Selon elle, les autorités tunisiennes refusent de faire débarquer les naufragés pour ne pas créer un précédent, alors que l’Europe fait pression sur les pays du sud de la Méditerranée pour créer des plateformes de débarquement des migrants interceptés en mer.


Ceux qui se trouvent à bord du navire ravitailleur Sarost-5 sont donc les otages d’une situation qui les dépassent. D’autant plus que « c’était à Malte de les accueillir, puisqu’ils ont été secourus dans la zone SAR (Search and Rescue, NDLR) maltaise », ajoute Mme Santer. Le droit international maritime stipule en effet que tout naufragé doit être acheminé vers le port sûr le plus proche.


« Or, les ports tunisiens ne peuvent pas être considérés comme sûrs, puisqu’il est impossible à des réfugiés d’y faire une demande d’asile ou ne serait-ce que d’y être accueillis dans de bonnes conditions », précise l’activiste.


À bord, les conditions de vie sont difficiles et la situation est de plus en plus tendue entre les l’équipage et les passagers, dont plusieurs sont en état de choc après leur passage par la Libye et leur naufrage. Le navire ne dispose pas de capacité d’accueil de passagers, et les rescapés dorment à même le pont. Parmi eux deux femmes sont enceintes et des cas de gale ont été recensés.


La situation ne semble pourtant pas évoluer. « Il n’y a pas de dénouement à attendre rapidement », s’inquiète Mme Santer, qui est en liaison avec un des membres d’équipage. La semaine passée, plusieurs ONG avaient demandé à ce que « le refus que la Tunisie soit mise devant le fait accompli des nouveaux choix européens d’externaliser leurs frontières et d’ignorer les droits des migrants à l’accès à un pays sûr » ne se fasse pas aux prix de menaces effectives sur la vie des naufragés.


Rached Cherif


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