8 ONG appellent Macron à obtenir un cessez-le-feu immédiat

 8 ONG appellent Macron à obtenir un cessez-le-feu immédiat

Un père emmenant son enfant blessé par les bombardements israéliens à l’hôpital de Gaza. Crédit photo : Youssef Alzanoun / Middle East Images / Middle East Images via AFP

Le président de la République, Emmanuel Macron se rend aujourd’hui en Israël. 8 ONG souhaitent qu’il appelle à mettre en place un cessez-le feu immédiat pour sauver des vies à Gaza et en Israël.

Care France, FIDH, Médecins du Monde, Oxfam, ACAT-France, CCFD-Terre Solidaire, Conseil Norvégien pour les Réfugiés, UOSSM-International. Elle sont 8 organisations humanitaires, de développement et de défense des droits humains à interpeller le président de la République. En effet, Emmanuel Macron est en Israël aujourd’hui et doit rencontrer les hautes autorités du pays.

Ces ONG demandent au Président Macron d’intervenir pour obtenir un cessez-le-feu immédiat. Elles souhaitent aussi des mesures concrètes pour protéger les populations civiles, garantir l’entrée d’aide mais aussi le respect du droit international humanitaire.

Plus de 500 organisations de 70 pays et 250 000 individus du monde entier soutiennent l’appel à un cessez le feu humanitaire immédiat (#CeasefireNOW).

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Aide humanitaire

Les ONG sur place à Gaza font toute état d’une situation sanitaire et humaine « catastrophique« . Hôpitaux au bord de la rupture, manque d’eau, de nourriture et d’électricité,… Ainsi Hiba Tibi, directrice à Gaza pour Care Internationale indique que « la protection des hôpitaux et des civils blessés n’est pas négociable« . De son côté, Louise Bichet, responsable Moyen-Orient de Médecins du Monde (MDM) rappelle que la vie à Gaza « devient intenable. Certains ont commencé à boire de l’eau de mer. D’autres nous disent qu’ils ne s’en remettront pas mentalement, même s’ils en sortent vivants. » Pour elle, l’aide qui est entré n’est pas suffisante. « Au nord de la bande de Gaza, ils n’ont pas reçu de nouveaux matériels. Quelques sacs de farine ont été distribués dans des boulangeries du sud. »

Les urgences humanitaires sur place inquiètent les ONG. Au delà des victimes des effondrements et des bombardements, même les actes de médecine courante sont en danger. Ainsi, le conseiller humanitaire de l’UOSSM International, le Pr Raphaël Pitti évoque les retours d’un néphrologue palestino-britannique à l’hôpital principal de Gaza. « Il m’a dit ne pas pouvoir faire de greffe renale. Il ne possède plus de filtre pour faire des dialyses. Le pronostic risque d’augmenter entre les blessés mais aussi ceux atteint de pathologies chroniques. » Il demande une « zone de sécurité s’étendant de Khan Younes jusqu’à la frontière égyptienne, avec non-survol aérien. Les cas les plus graves parmi les blessés devront être évacués vers l’hôpital d’Al Arish en Egypte. »  Pour lui, l’Egypte et la France peuvent intervenir pour soumettre « une résolution au conseil de sécurité des Nations Unies visant à établir cette zone de sécurité. »

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« Du courage politique »

Pour toutes les organisations, il est important aussi de comprendre ce qu’il se passe sur le terrain. Ainsi, Robin Guittard, directeur adjoint du plaidoyer à CCFD-Terre Solidaire trouve essentiel « de traiter les causes profondes du conflit pour s’engager dans un processus politique visant à la paix au Proche-Orient : 56 ans d’occupation illégale et de colonisation de la Palestine, 16 ans d’un blocus inhumain sur Gaza. » Interpellant la France et les partenaires européens, il lui semble important d’avoir du « courage politique de nommer les racines du problème et d’y apporter des solutions. »

Le directeur Europe du Conseil Norvégien pour les Réfugiés (NRC), Edouard Rodier souhaite que « la visite du président Macron doit permettre de libérer l’accès aux biens de première nécessité en renforçant les mécanismes de contrôle à Rafah, notamment le mécanisme EUBAM déjà en place. » Selon lui, il existe une force internationale d’observateurs capable de contrôler ce qui rentre à Gaza. Il a fait aussi état de tracts de propagande lancés par l’armée israélienne. « Les civils bloqués par les bombardements au nord de Gaza ne peuvent en aucun cas être déchus de leur qualité de civils, comme l’indiquent ces tracts. »

Louis-Nicolas Jandeaux, responsable humanitaire au sein d’Oxfam France rajoute que « Gaza, où il n’y avait déjà plus d’électricité, ni de denrées alimentaires est maintenant privée d’eau. Rien ne peut justifier cette « peine collective » infligée à la population civile sur place. »

Respect du droit international

Autre inquiétude des ONG : le respect du droit international sur place. Antoine Madelin, directeur du plaidoyer international à la FIDH, rappelle « à l’ensemble des parties impliquées – y compris les autorités israéliennes à Tel Aviv – que la France soutiendra le respect du droit international sans double standard. » La Fédération Internationale des Droits Humains souhaite aussi que Macron et la France soutiennent le « travail du Procureur de la Cour Pénale Internationale afin qu’il puisse diligenter au plus vite son enquête sur le terrain. » Plusieurs ONG palestiniennes et israéliennes (Al Haq, PCHR, Al Mezan, B’Tselem) font état de violations des droits humains actuellement.

Enfin, pour Elias Jeoffroy, responsable programme et plaidoyer Afrique du Nord et Moyen-Orient d’ACAT-France,  il faut « soutenir toute initiative française qui renforcerait l’action de la Cour Pénale Internationale, la plus à même de lutter contre l’impunité des différentes parties du conflit« . Il rajoute que la France devrait aussi « suspendre ses exportations d’armements et autres matériels vers Israël.« 

Yassir Guelzim

Yassir GUELZIM

Journaliste Print et web au Courrier de l'Atlas depuis 2017. Réalisateur de documentaires pour France 5.