A Paris, un rassemblement à la mémoire de Brahim Bouarram, tué en 1995 en marge d’un défilé du Front national

 A Paris, un rassemblement à la mémoire de Brahim Bouarram, tué en 1995 en marge d’un défilé du Front national

Rassemblement en mémoire de Brahim Bouarram – 1er mai 2023. Crédit photo : Nadir Dendoune

Ils sont encore quelques-uns à ne pas avoir oublié cette journée du 1er mai 1995 où Brahim Bouarram, Marocain de 29 ans fut jeté dans la Seine par des skinheads qui participaient à un défilé du Front national.

 

Des organisations, comme l’Association des Travailleurs Maghrébins de France (ATMF) ou la Ligue des Droits de l’Homme (LDH) appellent ce mercredi 1er mai à un rassemblement à Paris au Pont du Carrousel à partir de 11h.

Le temps passe, mais pour les proches de Brahim Bouarram, mort noyé et tué par des militants du Front national le 1er mai 1995, la douleur ne s’efface pas.

« J’étais tout petit quand le drame est arrivé mais je m’en souviens encore. Et je m’en souviendrai toute ma vie », nous avait confié il y a quelques temps Said, le fils de Brahim, qui n’avait que 9 ans au moment du drame.

Il y a 29 ans jour pour jour, le 1er mai 1995, vers 11h30, Brahim Bouarram marche tranquillement sur les berges de Seine. Les militants du Front national l’aperçoivent : trois d’entre eux agressent Brahim avant de le jeter dans la Seine. En quelques minutes, tout est plié. Brahim Bouarram, un épicier, papa de deux enfants, meurt quelques minutes plus tard, noyé.

« La haine raciste fomentée par le FN a armé les mains de ses assassins. Depuis, d’autres noms se sont ajoutés à la liste sinistre des victimes de crimes racistes. C’est à sa mémoire et à celle de toutes les victimes du racisme dans ce pays, en souvenir de la souffrance de leurs proches que nous nous rassemblons ici, sur le lieu du crime innommable, le 1er mai de chaque année », dénoncent dans un communiqué commun l’ATMF et la LDH.

Un assassinat qui intervient quelques mois après celui d’Ibrahim Ali, un jeune de 17 ans, abattu dans le dos à Marseille le 22 février 1995, d’une balle de calibre 22 long rifle, tirée par un colleur d’affiche du FN.

À une semaine du deuxième tour de l’élection présidentielle de 1995, le meurtre a eu un retentissement national. Deux jours plus tard, le président sortant, François Mitterrand, rend hommage à la victime en jetant un brin de muguet dans la Seine, à l’endroit où Brahim Bouarram s’est noyé.

Ce même jour, une manifestation réunit 12.000 personnes contre le racisme.

Jean-Marie Le Pen, alors président du Front national déclare peu après : « Je regrette qu’un malheureux se soit noyé, mais dans une agglomération de 10 millions d’habitants, ce genre de fait divers peut toujours se produire, ou même être créé à volonté. »

Près de trente après, la situation est tout autant catastrophique pour l’ATMF et la LDH, raison pour elles d’appeler à un large rassemblement ce 1er mai. « C’est dans le contexte d’un processus d’extrême droitisation créée par la banalisation des idées racistes, que cette commémoration a lieu. Sous prétexte de la diffusion du racisme dans notre société, le débat des européennes se polarise une fois de plus, encore aujourd’hui, autour du foulard, de la laïcité, du séparatisme, du périple migratoire, du communautarisme, de l’assistanat, de la sécurité et de l’ordre républicain », regrettent l’ATMF et la LDH.

Nadir Dendoune