Les prix des denrées alimentaires augmentent une nouvelle fois pendant le ramadan

 Les prix des denrées alimentaires augmentent une nouvelle fois pendant le ramadan

Magasin de fruits et légumes à Bejaia. Crédit photo : Nadir Dendoune


 


Il paraît que l’année dernière, c’était pire ! Pour ne pas changer, les prix des denrées alimentaires en cette période de ramadan ont grimpé en Algérie. 


 


Le kilo de poivron coûte 30 dinars de plus que d’habitude, celui de la pomme de terre se vend désormais à 70 dinars (10 dinars de plus). Le prix de la botte de coriandre,  incontournable pour faire la chorba a presque doublé, passant de 15 à 25 dinars. Même constat pour les fruits…


« C’est pas de notre faute », se défend Arezki, marchand de fruits et légumes à Bejaia. « Allez interroger les grossistes ! », scande-t-il. « Ils ont augmenté leurs tarifs et donc, nous n’avons pas le choix d’élever les nôtres », se justifie le commerçant.  « Les gens ne sont pas contents et ils nous le font savoir. On a beau leur expliquer la situation, ils passent leur colère sur nous, parfois, de manière assez violente », regrette Arezki. Comme cet épisode malheureux l’an passé, où sans l’intervention de badauds,  le marchand aurait « passé un sale quart d’heure ».


Jeudi 18 juin, premier jour du ramadan, il est 18h30, une queue énorme vient de se former chez l’un des bouchers du quartier qui jouxte l’université de la ville. Mohand est venu acheter du veau. « Le kilo a augmenté de 20% », peste ce quarantenaire, comptable de formation. « Il y a une semaine, il coûtait 1200 dinars (NDLR : 7 euros), aujourd’hui, ils le vendent 1450 dinars. C’est un scandale ». Surtout quand on connait le montant du SMIC (Salaire minimum) en Algérie ; qui est de 18 000 dinars (120 euros)….


« Oui, les prix ont augmenté. Ce n’est pas une surprise. Mais avons-nous vraiment le choix ? », questionne de son côté Aicha, fonctionnaire, qui « malgré leurs deux salaires », le sien et celui de son mari, « peinent à joindre les deux bouts ». « C’est un peu de notre faute aussi », avoue Linda, une amie d’Aicha. « On devrait refuser de payer autant. Ca les obligerait à baisser leurs tarifs ».


Linda regrette que cette année, peu de gens protestent contre « la flambée des prix ». « Les Algériens sont devenus fatalistes », se plaint-elle. « On peut aller manifester tous les jours, rien ne changera », lance un homme à Linda. « Le gouvernement s’en fout. Il ne fera jamais rien », continue-t-il encore.


Il y a quelques jours, le ministre du Commerce algérien a annoncé un renforcement des contrôles sur les prix des denrées. Une déclaration qui ne convainc personne, surtout pas Mokrane. « L’année dernière, il avait dit la même chose et rien ne s’était passé. Cette hausse des prix profite à tout le monde, du commerçant au gouvernement, en passant par le distributeur. Tout le monde s’engraisse et comme d’habitude, le peuple est le dindon de la farce», dénonce avec un français parfait celui qui est à la retraite depuis quelques mois seulement.


Karima a presque « envie de partir quand elle voit le prix du kilo de bœuf ». « Normalement, les prix devraient baisser pendant le ramadan. Car je rappelle que c’est un moment de fête, de solidarité et de partage », dit-elle excédée.


Layachi est arrêté de l’autre côté du trottoir. Il regarde avec tristesse « ceux venus à la dernière minute faire leurs courses ». « Je me faisais avoir tous les ans, mais cette année, j’ai pris les devants.  La semaine dernière, avec des amis, on a acheté un veau, qu’on a découpé nous-mêmes. Et comme j’ai un congélateur, je suis tranquille. J’aurai de la viande pendant toute la période du ramadan », explique-t-il, sourire aux lèvres.


 


Nadir Dendoune

Nadir Dendoune