Algérie : Sous pression, Tebboune appelle au « dialogue » social

 Algérie : Sous pression, Tebboune appelle au « dialogue » social

Abdelmadjid Tebboune a demandé au gouvernement d’ouvrir un dialogue social pour tenter d’apaiser la colère dans plusieurs secteurs de la fonction publique

Le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, a enjoint son gouvernement d’ouvrir « un dialogue » avec les partenaires sociaux afin de tenter d’apaiser la colère sociale qui monte dans le pays. Le front social s’ajoute en effet à une profonde crise économique et à l’impasse politique.

Grèves, chômage élevé (15 %), paupérisation, flambée des prix et pénuries de denrées de base… La chute de la rente pétrolière n’a fait que révéler les défaillances de la machine économique algérienne. Résultat, à deux ans de soulèvement populaire vient se cumuler un front social potentiellement explosive pour le président algérien Abdelmadjid Tebboune.

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Lors d’un conseil des ministres, le chef de l’État a « ordonné d’engager un dialogue avec les différents partenaires sociaux aux fins d’améliorer la situation socioprofessionnelle des employés du secteur » de l’éducation et de la santé, selon un communiqué officiel.

Au même moment, les agents de la Protection civile, pompiers notamment, défilaient en uniforme non loin du siège de la présidence algérienne. Ils exigeaient la satisfaction de leurs revendications socioprofessionnelle et la libération d’un des leurs, arrêté sans explication dans la matinée. La manifestation a été violemment réprimée par la police, selon des déclarations de pompiers relayées sur les réseaux sociaux. Ils « nous ont frappés et ont utilisé du gaz lacrymogène. En plein ramadan. Nous n’avons rien fait. Nous n’avons rien cassé. Nous connaissons la réglementation. Nous demandons juste nos droits », a lancé un des pompiers aux journalistes dans une vidéo diffusée sur Internet.

 

« Complot contre le pays »

Dans un communiqué diffusé par la presse, le ministère de l’Intérieur a qualifié ce mouvement de protestation d’« illégal ». Il l’a également accusé d’être complice « un complot contre le pays ». Des allégations récurrentes qui visent aussi d’autres voix dissidentes en Algérie, ainsi que des médias privés. Le ministère de l’Intérieur a accusé les protestataires d’être poussés « par des parties hostiles à l’Algérie ».

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Samedi, lors de son message à l’occasion du 1er mai, M. Tebboune a averti que « toute forme d’expression revendicative dans les différents secteurs devrait tenir compte des intérêts des citoyens, respecter les lois de la République et ne pas servir de motif d’instrumentalisation douteux ».

Signe inquiétant pour un régime impopulaire et paralysé face au retour du Hirak dans la rue, les conflits sociaux se multiplient dans les services publics. Éducation, administration fiscale, chemins de fer, pompiers sont en ébullition. Auxquels il faut ajouter un secteur de la santé éreinté par l’épidémie de Covid-19.

Rached Cherif