Montée de la xénophobie : le Conseil de l’Europe tire la sonnette d’alarme

 Montée de la xénophobie : le Conseil de l’Europe tire la sonnette d’alarme

Manifestation anti immigrés organisée par le mouvement xénophobe Pegida en décembre 2014. Jens Schlueter/AFP


Le Conseil de l'Europe s'inquiète, dans un rapport rendu public jeudi, de la montée du racisme en Allemagne, pointant notamment les manifestations organisées l'hiver dernier par Pegida, alors que le pays a donné ces dernières semaines une image d'ouverture aux migrants. Les autorités allemandes affirment par ailleurs avoir déjoué plusieurs projets d’attaques contre des foyers où sont logés des demandeurs d’asile.


 


Situation « préoccupante »


« La situation concernant les manifestations publiques de racisme et de xénophobie a évolué de manière préoccupante », souligne un rapport établi par le Comité consultatif de la convention-cadre pour la protection des minorités nationales du Conseil de l'Europe, pour une période allant de 2010 à début 2015. Selon ce document, « les manifestations d’antisémitisme, d’antitsiganisme et les sentiments islamophobes et antiimmigrants seraient en augmentation, de même que les agressions contre des demandeurs d’asile ».


Le rapport évoque les marches organisées chaque lundi l'hiver dernier par Pegida (Patriotes européens contre l’islamisation de l’Occident) à Dresde et dans d'autres villes d'Allemagne. Ce mouvement avait atteint un pic le 19 janvier 2015, avec 25 000 participants, avant de s'essouffler au printemps. Les auteurs soulignent le « climat d'insécurité pour les musulmans et les personnes issues de l'immigration ou des minorités » créé par ces marches et rappellent « l'agression odieuse et mortelle à coups de couteau d’un Érythréen à Dresde, le soir de l'une de ces manifestations ».


Tout en notant l’importance des contre-manifestations, hostiles à Pegida, ils estiment que « des efforts soutenus sont encore nécessaires pour favoriser un climat de tolérance et de dialogue interculturel » en Allemagne. Ces conclusions contrastent avec les images de migrants chaleureusement accueillis début septembre dans les gares allemandes, parfois sous des applaudissements. Selon différents sondages, plus de 60 % des Allemands sont aujourd'hui favorables à l'accueil des migrants dans leur pays.


 


Agression contre les migrants et leurs soutiens


Comme en écho à la publication du rapport, la police allemande a annoncé avoir déjoué des projets d’incendies criminels de foyers de migrants, signe d’une hostilité croissante envers les réfugiés toujours plus nombreux à arriver en Europe. Treize personnes, soupçonnées d'appartenance à la mouvance extrême droite, ont été interpellées mercredi à Bamberg, dans le sud de l'Allemagne où elles sont suspectées d'avoir planifié des attaques contre des foyers de demandeurs d'asile.


Ces derniers jours, le gouvernement allemand avait mis en garde contre le risque croissant d'actes de violence contre les migrants qui affluent par centaines de milliers dans le pays. Une forte augmentation des délits à l'encontre des foyers de réfugiés en Allemagne, signalée par la police allemande, allant des « dégradations de matériel » au « délit de propagande », atteste des résistances grandissantes à la politique d'accueil prônée le gouvernement d'Angela Merkel.


Samedi, une responsable de la ville de Cologne pour les réfugiés et candidate à la mairie avait été grièvement blessée au couteau par un homme proche de l'extrême droite. Elle avait été élue maire dimanche alors qu’elle était toujours hospitalisée. Jeudi une école suédoise, fréquentée par des jeunes issus de l'immigration à Trollhättan, a été prise pour cible par un jeune sympathisant de l'extrême droite qui a tué au sabre un enseignant et un élève. L'agresseur a été blessé mortellement par la police suédoise.


Rached Cherif


(Avec AFP)

Rached Cherif