Bobigny. Un rassemblement ce mardi contre les conditions de travail à « La Sauvegarde 93 » 

 Bobigny. Un rassemblement ce mardi contre les conditions de travail à « La Sauvegarde 93 » 

Farid Bennai, délégué syndical à Force Ouvrière (FO). Photo : DR

A l’appel des élus du syndicat FO, un rassemblement pour protester contre « les dégradations des conditions de travail des salariés » est organisé ce mardi 8 décembre, à 12H30, à Bobigny (93), devant le siège social de La Sauvegarde 93 (20 Rue Gallieni). Une des associations les plus importantes du département, spécialisée dans la protection de l’enfance, de l’adolescence et de l’adulte.

 

Farid Bennai est délégué syndical à Force Ouvrière (FO). Il dénonce « les méthodes managériales arbitraires de sa direction ». Le Directeur général de la Sauvegarde 93 dément les accusations. « Les faits relatés par les élus du syndicat FO ne reflètent pas du tout la réalité », insiste le dirigeant. Interview avec Farid Bennai.

 

LCDL : Vous dites que la situation se dégrade pour le personnel de La Sauvegarde 93… 

Farid Bennai : Oui. Dès 2018, les éducateurs de la prévention spécialisée à Noisy-le-Grand tiraient la sonnette d’alarme. En deux ans, trois chefs de service et trois directeurs se sont succédé !  En 2016, quand j’ai intégré la Sauvegarde 93, il n’y avait aucun chef de service. À chaque changement de direction, nous avions l’espoir de voir enfin les choses évoluer. En vain. Les dirigeants qui se sont succédé ont tous agi de la même manière en privilégiant les méthodes de gestion de l’humain par le contrôle, la surveillance et l’injonction abrupte.

Que reprochez-vous concrètement à la direction de Sauvegarde 93 ? 

Il y a plusieurs choses. Déjà, les chefs de service se consacrent essentiellement à la rédaction de rapports sur le « mauvais comportement supposé » des éducateurs. Ils le font à leur insu et ils ont donc tout le loisir d’écrire ce qu’ils veulent sur les salariés, sans que ces derniers ne puissent se défendre.

Ensuite, pour monter un projet, ça devient la croix et la bannière. Ce qui est préjudiciable pour les jeunes et les familles que nous suivons, pour les partenaires avec lesquels nous collaborons puisque c’est la mise à mort de certains projets.

Je l’ai moi-même vécu. Le projet sur lequel j’étais mobilisé a été arrêté brutalement par le chef de service sans aucune raison. Son arrêt définitif a été annoncé aux partenaires lors d’une réunion à laquelle j’étais présent puisque je l’animais. Je l’ai appris à ce moment-là.

Vous avez alerté très tôt la direction…

Effectivement et à aucun moment, en dépit de nos réclamations, les membres hiérarchiques ont tenté de trouver des solutions. L’ensemble de l’équipe éducative de Noisy-le-Grand a dénoncé en octobre 2019, l’ambiance nauséabonde et délétère instaurée par ces pratiques managériales d’un autre temps. Mais on n’a rien fait sur la souffrance au travail vécue par les éducateurs. Ils n’ont pas l’air de comprendre que cette façon de manager les salariés dégrade nos conditions de travail. Pire, plus nous dénonçons leurs méthodes et plus leurs méthodes sont arbitraires. Ils ont installé un rapport de force pour nous soumettre.

Que demandez-vous aujourd’hui ?

Tout d’abord, nous voulons que la direction cesse de dénigrer la parole collective des salariés, qu’elle cesse de harceler les représentants du personnel, en tentant de les intimider par une attitude agressive et la notification de sanctions à tout va. Ensuite, que l’on entende et tienne compte, enfin, de la revendication des salariés et de leurs représentants. Qu’ainsi, l’employeur réponde à l’obligation légale qui lui incombe en matière de santé et sécurité au travail. Par une expertise et un audit réalisé par un cabinet indépendant, en toute impartialité.

Enfin, qu’il y ait une refonte totale du système managérial, en adéquation avec les principes et valeurs associatifs incluant une authentique justice sociale de solidarité. Ce qui commence par le respect des forces vives que sont les ressources humaines. De toute façon, nous ne lâcherons rien. La santé de nos travailleurs en dépend.

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Nadir Dendoune