Coup de cœur cinéma. Ozon ose Camus

 Coup de cœur cinéma. Ozon ose Camus

Une scène du film L’étranger de François Ozon, en salle depuis le 29 octobre 2025.

Adapter avec succès L’Étranger d’Albert Camus, l’un des monuments de la littérature française, relevait presque de la mission impossible. François Ozon l’a fait, là où Luchino Visconti, en 1967, s’était heurté à l’échec, malgré la présence de Marcello Mastroianni au générique.

 

L’audace d’Ozon tient autant à son parti pris esthétique qu’à sa lecture politique. Le réalisateur opte pour un somptueux noir et blanc, où se déploient toutes les nuances de lumière, jusqu’à l’éclat aveuglant de la lame sous le soleil méditerranéen. En l’occurrence marocain, puisque le film, dont l’action se déroule à Alger, a été tourné à Tanger.

Mais Ozon va plus loin : il déplace le regard. Là où Camus ouvrait son roman sur le célèbre incipit « Aujourd’hui, maman est morte. Ou peut-être hier », le cinéaste frappe fort dès la première réplique : « J’ai tué un Arabe. » En un instant, le film dévoile sa clé de lecture.

Un aveu frontal qui replace L’Étranger dans le contexte de la colonisation. Un angle que le roman, publié en 1942, avait laissé dans l’ombre, et qui résonne aujourd’hui avec d’autres crimes et silences.

Le résultat ? Un film à la fois fidèle et actuel, qui interroge la figure de Meursault tout en donnant voix à ceux qu’Albert Camus, Prix Nobel de littérature, avait laissés hors champ.

Dans les salles françaises depuis le 29 octobre.

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