Déchets italiens importés en Tunisie : des eurodéputés se mobilisent

 Déchets italiens importés en Tunisie : des eurodéputés se mobilisent

En pointe sur ce dossier, Piernicola Pedicini (Mouvement 5 étoiles) est député européen depuis 2014, réélu en 2019

Des eurodéputés italiens dont Piernicola Pedicini, Groupe des Verts/Alliance libre européenne, et Maria Muscarà, conseillère régionale de Campanie, soutiennent que la responsabilité des déchets italiens importés illégalement en Tunisie incombe à cette région du sud de l’Italie.

Révélée fin 2020, l’importation de déchets en provenance d’Italie avait pour rappel à l’origine d’une affaire d’Etat en Tunisie. Le scandale avait même provoqué une jurisprudence inédite dans le pays :  le limogeage du ministre des Affaires locales et de l’Environnement, incarcéré depuis décembre, avec plusieurs hauts cadres de son ministère et de l’Agence nationale de gestion des déchets (ANGED).

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Mais aujourd’hui, pas moins de 212 conteneurs de déchets italiens demeurent toujours au port de Sousse, bloqués en sus de 70 autres conteneurs se trouvant au siège de l’entreprise importatrice dans la même ville portuaire, et ce depuis leur entrée en Tunisie durant l’été 2020.

 

Intervention d’élus italiens

Alertés récemment par ce blocage, des eurodéputés italiens viennent d’interpeler le gouvernement local de la Campanie pour « assumer sa responsabilité dans la restitution des conteneurs de déchets, dont l’envoi en Tunisie constitue une violation flagrante des principes de la Convention de Bâle sur l’exportation des déchets ». Un geste dont se félicite le jeune député d’opposition au Parlement tunisien Majdi Karbai appartenant au Courant démocrate (Attayar).

D’après Karbai, le processus de retour des déchets en Italie va s’accélérer : « la position des députés italiens au sein du Parlement européen devrait enfin mettre la pression sur la région italienne de Compagnie ainsi que l’entreprise italienne qui a exporté les déchets vers la Tunisie ».

Il assure ainsi être en contact direct avec les élus italiens au Parlement européen auxquels il avait déjà adressé, dès novembre 2020, une correspondance concernant la polémique des déchets ménagers.

« La responsabilité en incombe sans ambiguïté à la région de Campanie », selon la Commission européenne. Une position relayée par les députés italiens qui ont tenu à clarifier, dans une note citée par ailleurs par le site d’info irpinia24 : « la réponse de la Commission européenne ne laisse aucun doute. C’est la responsabilité des autorités locales, et donc de la région de Campanie ».

En réponse à une question adressée par les députés Piernicola Pedicini, Rosa D’Amato, Ignazio Corrao, et soutenue par la conseillère régionale Maria Muscarà, la Commission européenne a expliqué qu’au niveau européen, le règlement sur les transferts de déchets impose aux états membres d’effectuer des contrôles sur les transferts de déchets et de sanctionner toute infraction aux règles. Une disposition assortie de « nombreuses initiatives contre le trafic illégal de déchets ».

« La présence de déchets exportés illégalement est un problème qui touche le monde entier », selon Pedicini et Muscarà, pour qui « le trafic de déchets qui arrivent en Tunisie d’une entreprise opérant à la Terra Dei Fuotchi (ou Terre de Feu), une zone géographique en Campanie, au sud de l’Italie, empoisonnée par des milliers de tonnes de matières toxiques et de déchets enfouis, aura des effets à long terme sur la vie de chacun ».

Continuer à croire que ce qui se passe à l’extérieur de notre cour ne nous concerne pas, c’est une vision étriquée. A cela, nous ajoutons un avertissement à l’adresse du gouvernement régional responsable de la négligence avec laquelle il surveille le trafic des déchets, conduisant à un phénomène très grave, qui est maintenant, également abordé par le procureur de Salerne », selon leurs propos rapportés par le journal.

Selon la même source, la Commission européenne a l’intention d’inclure dans l’accord de libre-échange approfondi (ALECA) en discussion avec la Tunisie depuis 2015, un chapitre sur le commerce et le développement durable qui devrait inclure une coopération en matière de lutte contre le trafic illicite de déchets.

Depuis le 20 janvier 2021, les délais légaux (90 jours) pour la réexportation des déchets italiens vers leur pays d’origine ont expiré, conformément à l’article 8 de la Convention de Bâle.

 

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Seif Soudani