En salle Le piège de Huda de Hany Abu-Assad

 En salle Le piège de Huda de Hany Abu-Assad

Hany Abu-Assad raconte une histoire vraie dans son dernier film et s’expose aux critiques dans le monde arabe à cause d’une scène de nu. Photos Destiny films

Le nouveau film du cinéaste palestinien Hany Abu-Assad est dans les salles en France.  Inspirée de faits réels, l’histoire met en scène des habitantes de Bethléem doublement victimes. Autant de l’occupation israélienne que des mœurs ambiantes, patriarcat et misogynie.

A Bethléem, en Cisjordanie, Huda tient un salon de coiffure. Elle s’occupe de Reem, qui se plaint de son mari possessif. Pendant qu’elle était dans le salon, soudain, Reem perd connaissance. Huda l’a droguée. Elle déshabille sa victime et prend des photos compromettantes d’elle avec un homme nu. Lorsque Reem se réveille, Huda lui révèle qu’elle est une informatrice des services secrets israéliens. Si Reem ne veut pas que les photos soient publiées, elle doit devenir à son tour une informatrice. Elle a deux options, le déshonneur ou basculer du côté des Israéliens et trahir son peuple. Dans la nuit, Huda est arrêtée par Hassan, membre de la résistance…. Au Moyen-Orient, le film a fait scandale à cause d’une scène de nu.

Or, le long-métrage de Hany Abu-Assad, originaire de Nazareth, s’inspire de faits réels. L’histoire a été rapportée par la presse. C’est un “salon de coiffure qui recrutait de jeunes Palestiniennes pour les services secrets israéliens, en les mettant dans des situations compromettantes et en les faisant chanter”, raconte le cinéaste. « Les victimes se retrouvaient devant un choix impossible, entre collaboration avec l’ennemi et déshonneur familial et social ».

Le casting est servi par Ali Suliman (Hasan), Maisa Abd Elhadi (Reem), Manal Awad (Huda), Jalal Masrwa (Yousef), Samer Bisharat (Said), Kamel El Basha (le médecin), Nael Kanj (Musa).

« Dans notre société un acteur doit être courageux »

Le long-métrage, sorti depuis février en France, a pour décor réel Bethléem, en Cisjordanie occupée. Deux vies sont mises en scène parallèlement : Huda (Manal Awad), la propriétaire du salon de coiffure, contrainte par le Mossad à devenir agent recruteur, et Reem (Maisa Abd Elhadi), une jeune mère de famille mal dans sa peau et une des victimes. Quand la première est démasquée par la résistance palestinienne, leurs deux vies basculent dans l’inconnu.

Le Piège de Huda a été présenté dans de nombreux festivals (sous le titre Huda’s Salon, “le salon de Huda”), aux États-Unis, en Europe et dans quelques payses arabes, dont le Liban.

Dans la presse internationale : “Le message du film est en fait simple et percutant : prises entre des ennemis politiques unis dans leur misogynie, les femmes palestiniennes n’ont pas d’issue”, analyse The New-York Times. Mais au Moyen-Orient, le film a été fortement critiqué, victime des scènes osées qu’il comporte, il est également accusé par les Palestiniens « de porter atteinte à la résistance palestinienne. »

Après six ans d’études en Hollande, le cinéaste Hany Abu-Assad officie en tant qu’assistant réalisateur. Au début des années 90, il retourne dans sa Palestine natale pour travailler sur un documentaire à destination de la télévision anglaise. En 2001, il réalise son premier long métrage : Le Mariage de Rana, un jour ordinaire à Jérusalem.

En 2005, il présente une œuvre controversée avec Paradise Now, un sujet sensible où deux Palestiniens s’apprêtent à commettre un attentat-suicide à Tel Aviv. Avec ce film, Abu-Assad obtient de multiples récompenses comme le Golden Globe du Meilleur Film Etranger, le Prix du Meilleur Film Européen à la Berlinale et le Prix Amnesty International du Meilleur Film. Avec Omar présenté au Festival de Cannes 2013, dans la catégorie Un Certain Regard, il reçoit le Prix du Jury.

Son dernier film ne cesse de susciter partout où il est projeté, précisément dans le monde arabe, la polémique. En cause, l’actrice palestinienne Maisa Abd Elhadi, qui a accepté de se montrer nue devant la caméra.  Interviewé le cinéaste livre son opinion à ce sujet : « Dans notre société, un acteur doit être très courageux pour oser se montrer nu. Je crois que Maisa Abd Elhadi est la première actrice palestinienne à l’avoir fait. »

>> Lire aussi : Festival Ciné-Palestine 2022 : Focus sur le féminisme dans les pays arabes

Mishka Gharbi