Emmanuel Macron refuse de « dire à l’Afrique ce qu’elle doit faire »

 Emmanuel Macron refuse de « dire à l’Afrique ce qu’elle doit faire »

Emmanuel Macron discourant devant des étudiants burkinabés à l’université de Ouagadougou au Burkina


« L’Afrique est le continent central, global, incontournable ». Ce matin, à l’université de Ouagadougou, le président français a prononcé son discours pour poser les grandes lignes de sa politique envers les pays africains.


« Cet avenir que vous osez inventer » ont été les premiers mots d’Emmanuel Macron à la tribune devant les 800 étudiants burkinabés ce matin. Référence à Thomas Sankara, président du Burkina Faso assassiné en 1987, au sujet de quoi le président français a d’ailleurs annoncé ce matin que les documents français « seront déclassifiés pour la justice burkinabée ».


Le ton est donné. Le chef de l’Etat français souhaite s’adresser à la jeunesse africaine en lui proposant « une amitié pour tout se dire ».


Emmanuel Macron a d’abord prononcé son discours d’orientation générale de la politique de la France en direction des pays africains, puis il s’est prêté au jeu des questions/réponses avec les élèves de l’université de Ouagadougou. Une intervention globale sur un peu moins de deux heures, avec un débat parfois houleux, souvent positif, selon les témoins sur place.


A l’extérieur de l’université, des étudiants ont dressé des barricades et scandé des slogans tels que « À bas l'exploitation de l'Afrique par l'Occident ».


Plus de politique africaine de la France


« Les crimes de la colonisation sont incontestables », a martelé Emmanuel Macron, « il n’y a plus de politique africaine de la France. (…) Je suis d’une génération où l’on ne vient pas dire à l’Afrique ce qu’elle doit faire. Je suis d’une génération pour qui les crimes de la colonisation européenne sont incontestables et font partie de notre histoire. C’est un passé qui doit passer ». Puis le président français s’est fendu d’un « L’Afrique est gravée dans la mémoire française, dans la culture, dans l’histoire, dans l’identité de la France », pied de nez, s’il en est, au tristement célèbre discours de Dakar de Nicolas Sarkozy en 2007, qui avait à l’époque lâché : « l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire ».


Il s’agit de la première étape d'un séjour en Afrique d’une durée de trois jours qui se poursuivra demain en Côte d’Ivoire et jeudi au Ghana, « une nouvelle étape de notre relation avec votre pays et tout un continent », a déclaré Emmanuel Macron au président burkinabè Roch Marc Christian Kaboré.


Chloé Juhel


 

Chloé Juhel