Divines : la vie, l’amitié, le spirituel et le politique

 Divines : la vie, l’amitié, le spirituel et le politique

La réalisatrice franco-marocaine Houda Benyamina (G ) a reçu la Caméra d’or 2016


 


« Tu frappes, tu caresses ! », c'est une des répliques qui reflète parfaitement le film "Divines" de Houda Benyamina. La réalisatrice, accompagnée d'une partie du casting, était présente lundi soir (22 août) pour la projection de ce film, récompensé au dernier festival de Cannes. Entre moments de réalité brute et instant de pure poésie, porté par la fraîcheur et l'énergie des acteurs, "Divines" célèbre l'amitié et la vie.


 


Amitié et politique


« J'avais envie de raconter une histoire d'amitié fusionnelle absolue (…) Mais il y avait une raison plus politique aussi, en 2005 j'ai vécu les émeutes de l'intérieur, j'avais envie de descendre et de tout brûler. Ma colère a été canalisée par mon art » explique Houda Benyamina. C'est une histoire d'amitié entre Dounia, jouée par Oulaya Amamra, et Maïmouna, interprétée par Déborah Lukumuena. Deux jeunes filles vivant en banlieue, à la quête d'autre chose et, par moment, rattrapées par le spirituel : « J'avais envie de questionner par l'émotion. C'est un film qui est une sorte de combat entre le spirituel et le politique » selon la réalisatrice. Un film composé de différents niveaux de lecture, truffé de clins d’œil allant de répliques du Scarface de Brian De Palma, aux tatouages Love/Hate sur les doigts, emprunté à La Nuit du chasseur de Charles Laughton.


 


Dans le personnage


Comme dans toute construction de film, l'étape du casting a été primordiale afin de bien personnifier les premiers rôles. Le choix n'a pas toujours été évident comme le raconte Oulaya Amamra : « Houda est ma prof de théâtre depuis l'âge de douze ans mais selon elle j'étais trop féminine pour le personnage ». La réalisatrice enchaîne : « Au début, elle venait au casting avec du vernis (…) c'est après qu'elle s'est mise dedans, petit à petit ». La jeune comédienne a dû patienter neuf mois avant d'obtenir le rôle de Dounia. Jiska Kalvanda suivait elle aussi les cours de théâtre de la réalisatrice. Intéressée par le rôle de Maïmouna, Jiska a finalement obtenu le rôle de la dealeuse du quartier. Un véritable rôle de composition pour lequel elle a beaucoup travaillé : « Au début c'était pas facile. J'avais la vraie en face de moi, Habiba. On a travaillé avec toute l'équipe, l'identification, j'ai regardé tous les films de gangsters. Je suis partie sur le terrain aussi, j'ai appris comment découper du shit, comment vendre, comment fumer, comment rouler… je ne pouvais pas tricher ».


 


L'état du cinéma français ?


Finalement retenue pour le rôle de Maïmouna au bout de neuf mois également, Déborah Lukumuena, qui a un autre parcours que ses partenaires, pose un œil différent sur le métier : « J'étais pas dans le cinéma ou le théâtre, j'étais en licence Lettres et je me découvrais une passion pour le jeu. Comme j'étais assez réaliste sur le milieu, je me disais que ça allait pas être facile. Surtout avec l'état actuel du cinéma français qui, je trouve, ne reflète pas vraiment sa population… ». Ce qui est sûr c'est que Divines reflète bien une certaine frange de la population montrée dans tout sa sincérité, avec beaucoup d'émotions et surtout sans tricher.


 


F. Duhamel


Divines de Houda Benyamina, dans les salles le 31 août 2016.

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