Bargou 08 : entre tradition musicale et lutte sociale

 Bargou 08 : entre tradition musicale et lutte sociale

Bargou 08 un groupe de musiciens tunisien


 


Le groupe tunisien Bargou 08 était samedi soir (20 juin) en concert à la fondation de la Maison de la Tunisie pour fêter la musique. L'occasion d'en apprendre plus sur cet ensemble, conduit par le chanteur Nidhal Yahyaoui et le compositeur Sofyann Ben Youssef, qui revisitent le patrimoine musical de la Tunisie. Entretien.


 


LCDL : Comment s'est faite votre rencontre ?


Nous sommes des amis d’enfance. A Tunis, nous faisions partie de la même équipe de basketball depuis l’âge de 10 ans, et nous nous sommes toujours très bien entendus. Depuis 4 ans, nous nous sommes retrouvés de nouveau mais désormais dans la musique. Nous avons fait partie de plusieurs projets, mais avec Bargou 08, c’est la première fois que nous travaillons ce répertoire.


 


Votre musique semble très attachée à une région en particulier. Pouvez-vous nous en dire plus ?


Nidhal Yahyaoui : je suis originaire de la région de Seliana (Nord-Ouest tunisien). J'ai grandi dans une famille où la musique était  un rituel quotidien et souhaité travailler sur les musiques de ma région. Cette tradition musicale de la région de Seliana s’est conservée grâce à la montagne qui la sépare du reste du pays. D’autre part, ce rempart naturel a empêché que des influences viennent de l’autre versant de la montagne… D’ici « Bargou 08 » est né, portant le nom de la montagne, et sous la direction de Sofyann Ben Yousef, musicien/producteur basé en Belgique.


 


Vous avez déjà joué en Belgique, aux Pays-Bas …, vous venez en France pour la première fois. Est-ce que ce sera un peu différent pour vous du fait de l'importante population tunisienne dans l'Hexagone ?


Nous avons déjà tourné en Belgique et en Tunisie l’année passée. Nous passons encore le 21 Juin à la Maison de la création de Bruxelles, nous jouerons bientôt au festival  Roskilde au Danemark et puis aux Roots festival aux Pays-Bas et au mois d’août, au festival Rainforest en MalaisieNous sommes très contents de venir à Paris, c’est vrai que nous retrouvons une grande famille là-bas, nous avions déjà une foule tunisienne qui nous attendait et ça nous fait chaud au cœur. Nous espérons revenir bientôt en France, conquérir plus de public français et partager cette nouvelle expérience musicale tunisienne.


 


Quels sont vos sujets de prédilection pour vos textes. Vous inspirez-vous d'événements récents comme les révolutions arabes ou encore les attentats du Bardo ?


En premier, Bargou 08 est un Front musical populaire ! Notre répertoire est constitué de chanson de la région qui ont 200 ou 300 ans. Le fait que ces chansons aient survécu jusqu’à nos jours, montre leur côté intemporel, qui défie les tendances et le temps.


Malheureusement la Tunisie passe par un moment difficile qu'elle va surmonter en s’attachant à ces anciennes racines, en misant sur une jeunesse créative et ne jamais succomber à l'obscurantisme importé d'ailleursBargou 08 essaye de contribuer à créer des ponts entre les différentes générations, régions et cultures de la Tunisie dans le but de soulager la crise identitaire postrévolutionnaire qu'elle est en train de vivre. Un grand changement est en route.


D’ailleurs nous invitons tous les artistes tunisiens à créer ce changement, en faire partie et à faire une vague de nouvelles musiques. Nous les invitons à rejoindre notre Front musical populaire.


 


Quels sont vos futurs projets ?


Nous préparons une résidence pour l’année prochaine ; ce sera sur deux phases. Une première à Bruxelles et probablement en Tunisie dans un deuxième temps.  Nous voulons enregistrer notre premier album. C’est le TUMEX (Tunisian music export office) qui nous aide à la production et qui s'occupe de notre tournée actuelle. Nous continuons à tourner, nous recevons des invitations de partout, beaucoup venant de la Tunisie et ça nous fait grand plaisir.


 


Propos recueillis par F. Duhamel

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