Inquiétudes autour du sort de Zakaria Hannache menacé d’extradition vers l’Algérie

 Inquiétudes autour du sort de Zakaria Hannache menacé d’extradition vers l’Algérie

Zakaria Hannache documente depuis 2019 des informations concernant les arrestations et les poursuites de prisonniers d’opinion en Algérie.

Après l’exfiltration vers la France de la militante algérienne Amira Bouraoui, l’étau se resserre autour de Zakaria Hannache. Également condamné en Algérie et réfugié en Tunisie, celui-ci est sous la menace d’une expulsion selon ses défenseurs.

17 ONG françaises, tunisiennes, algériennes et internationales s’alarment face au risque d’extradition de Zakaria Hannache vers l’Algérie. Dans un communiqué, elles dénoncent la demande d’extradition qu’a formulée Alger auprès de la Tunisie. Dans une lettre ouverte aux autorités tunisiennes, ces associations rappellent « qu’en tant que réfugié, M. Hannache bénéficie d’une protection internationale ».

L’activiste algérien documente et publie depuis 2019 des informations concernant les arrestations et les poursuites de prisonniers d’opinion en Algérie, particulièrement en relation avec le Hirak. Il a été arrêté en février 2022 et maintenu en détention pendant plusieurs semaines. Après sa libération en mars de la même année, Zakaria Hannache « a été la cible d’actes d’intimidation et de pression l’amenant à se rendre en Tunisie », rappellent les signataires de la lettre.

Le précédent Bouhafs

En recevant sa convocation pour comparaitre à Alger en novembre dernier, il décide de demander l’asile auprès du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Alors que M. Hannache bénéficie de cette protection en vertu du droit international et que la Tunisie est partie aux différents traités et convention en la matière, les défenseurs des droits humaines signalent que « la police tunisienne, plus particulièrement la brigade anti-terroriste, le recherchait dans divers endroits de Tunis ».

Ils rappellent d’ailleurs que la Tunisie a déjà accepté par le passé d’expulser des activistes vers l’Algérie, citant notamment le cas de Slimane Bouhafs. Ce dernier, « réfugié reconnu par le HCR et militant chrétien amazigh » a été enlevé et envoyé en Algérie en aout 2021 en violation de sa protection internationale. Le même scénario menacerait aujourd’hui Zakaria Hannache qui a fait l’objet d’une condamnation in absentia à 3 ans de prison.

Ces craintes ont motivé une « demande de mesures provisoires au nom de Zakaria Hannache devant le Comité des Nations unies contre la torture ». Demande dont les autorités tunisiennes ont été notifiées en décembre, insistent les auteurs de la lettre. Ils demandent donc au gouvernement tunisien « de s’engager à respecter la protection internationale dont M. Hannache bénéficie et d’informer le Comité contre la torture de votre volonté de ne pas l’expulser tant que son dossier est en cours d’examen ».

Rester ou partir ?

C’est pour éviter de subir un sort identique que la militante franco-algérienne Amira Bouraoui a quitté la Tunisie avec fracas début février 2023. Bénéficiant de l’aide de l’ambassade de France à Tunis, l’activiste a réussi à se rendre en France malgré le mandat d’arrêt qu’avait émis Alger à son encontre.

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Alors que la Tunisie et l’Algérie opèrent un rapprochement diplomatique ostentatoire, où la première devient de plus en plus dépendante économiquement et énergétiquement de la seconde, la fuite de Mme Bouraoui avait surpris à Alger et mis Tunis dans l’embarras. Cette dernière avait qualifié l’exfiltration de « clandestine et illégale ». Le président Abdelmadjid Tebboune avait même ordonné le rappel pour consultation de son ambassadeur à Paris.

Rached Cherif