Jihed Ghaoui, responsable UGET : « Le pouvoir tente de criminaliser toute contestation »

 Jihed Ghaoui, responsable UGET : « Le pouvoir tente de criminaliser toute contestation »

Jihed Ghaoui

Traditionnellement en pointe dans la contestation sociale et sociétale, l’Union générale des étudiants de Tunisie (UGET), organisation syndicale étudiante créé dès 1952, ne parvient plus à obtenir la majorité dans les élections des représentants des étudiants aux conseils scientifiques depuis 2014. Responsable UGET au sein de l’Institut supérieur des langues de Tunis (ISLT), Jihed Ghaoui a répondu à nos questions à ce sujet mais aussi plus généralement autour du sens de l’engagement politique estudiantin en temps de retour de l’autoritarisme dans le pays.

En avril dernier, l’Union générale des étudiants de Tunisie avait fermement dénoncé la « normalisation académique », au lendemain de l’annonce de la participation de professeurs universitaires tunisiens à un congrès auquel étaient invités des universitaires israéliens. Signe que l’activisme politique de l’organisation est en pleine résurgence, quatre de ses membres ont été interpelés par les forces de l’ordre le 10 juillet 2023 dans la banlieue sud de la capitale alors qu’ils protestaient contre une visite de l’ambassadeur des Etats-Unis.

Dès le 23 juin dernier, l’UGET avait également critiqué avec virulence le deal qui allait être conclu aujourd’hui 16 juillet au Palais de Carthage entre le président de la République Kais Saïed et celle qu’il a qualifiée de leader de la droite fasciste Giorgia Meloni, tirant à boulets rouges au passage sur « le bilan économique calamiteux » de l’actuel pouvoir.

 

Diabolisation des corps intermédiaires

Pourtant, une partie de l’opinion publique tunisienne et de l’opposition au régime Saïed critique récemment la centrale syndicale étudiante en lui reprochant un certain mutisme post coup de force du 25 juillet 2021 et de s’être reconcentré sur sa vocation première ayant trait aux affaires universitaires des étudiants au sens strict. Pour Jihed Ghaoui, cette impression est dénuée de fondements et trouve en grande partie son explication dans « le traitement médiatique souvent biaisé dans sa couverture de l’activisme de l’UGET, tout comme la diabolisation rampante des corps intermédiaires, y compris les syndicats étudiants ».

Supplanté ces dernières années par des syndicats rivaux, l’UGET souffre selon le jeune responsable d’un manque de moyens logistiques face à une machine huilée qui trouve ses ramifications dans les partis politiques conservateurs jadis proches du pouvoir.

Mardi 18 juillet 2023 à 15h00, l’UGET et l’ISLT organisent un meeting virtuel autour de la thématique des langues vivantes et du marché de l’emploi, un event qui ambitionne de palier les difficultés en matière d’employabilité inhérentes aux filiales littéraires.

Seif Soudani