Kader Bueno, le candide « génie de la magie »

 Kader Bueno, le candide « génie de la magie »

DR

Il y a du Houdini chez Kader Bueno. A l’instar du célèbre prestidigitateur français, le jeune magicien arrive à fourmiller de tours quasiment impossibles à déchiffrer. Avec son spectacle « Un tour de ma vie » qu’il joue tous les dimanches au Jamel Comedy Club, le franco-tunisien arrive à enchanter son public avec son histoire touchante et ses tours délirants.

 

La première chose que l’on perçoit chez Kader Bueno, c’est son regard. Un regard d’enfant perpétuel qui s’amuse et amuse la galerie ! A l’issue de l’un de ses tours, on retrouve la candeur et l’innocence d’un gamin qui a réussi son effet.

Cette passion pour l’illusion est le résultat d’un passe temps d’enfant. Né à Argenteuil en banlieue parisienne, le petit Kader suit ses parents dans leur pays d’origine, la Tunisie. Un drame personnel va le pousser à des séjours longs à l’hôpital.  » En Tunisie, j’ai eu un accident au niveau du crâne, au niveau du cuir chevelu, indique le magicien. Je faisais de nombreux aller-retours à l’hôpital. Comme je n’avais rien à faire, je jouais avec un coffret de magie. C’est de là que m’est venue la magie. Mon accident m’avait laissé une grosse cicatrice. J’étais donc rejeté par les autres enfants car mes blessures leur faisaient peur. L’illusion m’a permis d’avoir des amis et que les gens s’intéressent à moi. Il regardait ce que j’avais entre les mains et pas ce que j’avais sur la tête. »

>>Lire aussi : Portrait d’un Rappeur. Djalito se raconte avec humour et humilité

Une adversité pour se lancer

Les heures à s’entrainer, à jouer avec des cartes, des astuces et autres objets magiques, finissent de le convaincre. Son objectif : devenir magicien. « Je n’ai jamais lâché. On m’a emmené voir des psy. On me disait, c’est pas un métier. Ils ont été payés à me faire croire que ce n’était pas possible. »

Cette détermination à croire en son rêve vont le pousser à perfectionner son art. L’enfant devient maitre de son art. Sa famille sera son premier public, subjugué par ses tours de mieux en mieux exécutés.

>>Lire aussi : Booder : « Monter sur scène est politique »

« La magie, c’est un mode de vie »

Afin d’étendre son public, il se met à jouer dans la rue pour trouver de nouveaux spectateurs. « J’étais en mode street magie, indique Kader Bueno. Je faisais du closet. J’allais voir des gens avec un jeu de cartes à la main. C’était gratuit et je ne demandais rien. On me donnait des pourboires. On était souvent près du centre Georges Pompidou à Paris. Quand du monde se rassemblait, j’en profitais pour effectuer un petit spectacle. »

Véritable art souvent dénigré, la magie dépasse le simple effet visuel. Pour Kader Bueno, il faut voir plus loin. « Les gens croient que tout le monde peut le faire. Il y a derrière des heures d’entrainement, de manipulations à apprendre. Pour moi, la magie est plus qu’un art. C’est un mode de vie ! Chaque fois que tu as un truc dans les mains, tu te demandes ce que tu vas pouvoir en faire avec que les autres ne peuvent pas. »

>>Lire aussi : Restitués au Maroc, des fossiles paléontologiques sont présentés à Rabat

De la street magie aux plateaux télé

Son succès d’estime lui permet de se faire un petit nom dans le monde de la magie jusqu’à lui ouvrir les portes du Jamel Comedy Club quand il combine humour et illusion. « J’ai fait un tour sur une scène ouverte. Je l’ai raté et les gens rigolaient. Ils pensaient que je l’avais fait exprès. J’ai découvert que je pouvais être drôle si je ne réussis pas mes tours. J’ai enchainé 3 à 4 scènes par soir pendant 3 ans. Je l’ai envoyé au Jamel Comedy Club sans succès. Quelques mois après, à 18 ans, j’ai eu une audition avec Jamel qui était caché dans la salle. Il a aimé et m’a fait passer à la télé la semaine suivante. »

1ère visibilité pour le gamin d’Argenteuil et surtout premier contrat récurrent au sein du Jamel Comedy Club. Il y restera pendant deux ans. Toujours accro à de nouveaux tours, il arrive à la phase finale de la France a un incroyable talent. « J’ai pu avoir de la crédibilité. Internet m’a aidé aussi grâce à des podcasts »

Ne cessant de travailler à se perfectionner, il joue tous les dimanches après-midi son spectacle, « Un tour de ma vie » au Jamel Comedy Club. Celui-ci allie humour, magie et émotion. « Un spectacle ne se construit pas comme un passage de 10 minutes où tu vas venir faire rigoler. Derrière un spectacle, il y a toute une histoire, une mise en scène et un fil conducteur. Ca m’a permis de raconter ma vie en magie. Chaque étape de ma vie (hôpital, arrestation par la police, Tunisie) est marquée par un tour. »

Toujours dans sa « bulle d’enfant », Kader Bueno ravit ceux qui viennent le voir. « Le visage a grandi. La barbe a poussé mais je suis toujours un enfant dans ma tête. »

 

Yassir Guelzim

Yassir GUELZIM

Journaliste Print et web au Courrier de l'Atlas depuis 2017. Réalisateur de documentaires pour France 5.