La France et l’Allemagne vont rechercher la provenance des objets africains dans leurs musées
Les collections du Musée des Arts premiers du Quai Branly à Paris comptent environ 70000 pièces. Rached Cherif/LCDA
La France et l’Allemagne intensifient leur collaboration dans le domaine de la recherche sur la provenance des objets du patrimoine africain. Les deux pays vont conjointement allouer 2,1 millions d’euros sur trois ans pour financer des recherches qui pourraient éventuellement conduire au rapatriement d’objets hérités de l’Afrique.
Ce fonds expérimental prévoit une contribution annuelle de 360 000 euros de chaque pays. Alors que le financement est destiné à soutenir la recherche sur des objets provenant de toute l’Afrique subsaharienne, une priorité sera accordée aux pays autrefois colonisés par la France et l’Allemagne, tels que le Togo et le Cameroun.
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Cette initiative survient dans un contexte de débat au niveau européen sur le retour des objets du patrimoine africain. La France, en particulier, a été sous les feux des projecteurs depuis que le président Emmanuel Macron a annoncé en 2017 son engagement à « faire tout son possible » pour restituer une partie du patrimoine culturel africain pillé pendant la période coloniale. Bien que la France ait restitué 26 artefacts au Bénin en 2021, les efforts récents ont été entravés par des obstacles politiques. L’opposition a ainsi empêché l’adoption d’une loi sur la restitution des biens culturels pillés à l’étranger.
90 000 pièces dans les collections françaises
En Allemagne, en revanche, la restitution d’artefacts a gagné en vigueur. En novembre 2022, une fondation allemande a financé le lancement de la première base de données complète d’objets connus collectivement sous le nom de bronzes du Bénin. L’année suivante, en novembre 2023, le ministre allemand des Affaires étrangères a physiquement restitué 21 bronzes au Nigeria.
Le Cameroun, par exemple, qui a été colonisé par l’Allemagne à la fin du XIXe siècle, a vu la plupart de ses objets culturels emportés pendant la période coloniale allemande. Un projet cartographiant les objets du patrimoine camerounais dans les musées allemands a identifié plus de 40 000 objets, dont certains sont stockés au Linden Museum à Stuttgart.
En France, les collections publiques comptent au moins 90 000 objets provenant de l’Afrique noire, selon un rapport commandé par le gouvernement en 2018. Le musée du Quai Branly à Paris, référence en matière ethnographique, héberge la plus grande collection d’arts premiers avec 70 000 pièces. Près de 20 000 autres objets sont dans les autres musées français.
