Rap, 30 ans déjà : Akon, le rappeur philanthrope

 Rap, 30 ans déjà : Akon, le rappeur philanthrope

crédit photo : Fadel Senna / AFP


MAGAZINE DECEMBRE 2017


Chanteur à succès, mondialement connu, Akon compte désormais donner du sens à sa vie en aidant à l’électrification de centaines de villages africains. Rencontre avec un visionnaire au grand cœur, à l’occasion du dernier Global Citizen Forum qui s’est tenu en octobre dernier au Monténégro


On ne présente plus Akon, la superstar du rap américain aux millions de disques vendus. En revanche, on connaît moins l’entrepreneur et philanthrope Alioune Badara Thiam, le vrai nom d'Akon… Né en 1973, à Saint-Louis, aux Etats-Unis, de parents sénégalais, le rappeur a quasiment réalisé tous ses rêves. Cela avait pourtant mal commencé pour lui : mauvaises fréquentations, ­délinquance et plusieurs séjours en prison. Après sa dernière ­incarcération pour vol de voitures, il décide de se reprendre en mains. “J’ai fait une liste de tout ce que je souhaitais accomplir désormais. A la première ligne, j’ai inscrit : travailler avec Michael Jackson.” Et c’est ce qu’il fit en 2008, en collaborant avec le “King of Pop” sur son album Thriller 25, la réédition du mythique album.


Mais Akon, aujourd’hui âgé de 44 ans, désormais multimillionnaire (sa fortune est estimée à plus de 100 millions de dollars), ne veut plus se résumer à sa seule activité artistique. Lassé des strass et paillettes, l’artiste amorce un virage caritatif à destination des populations africaines. Sorte de retour aux sources “pour donner du sens” à sa vie. En 2014, il fonde, avec le politicien d’origine ­sénégalaise Thione Niang et l’entrepreneur malien Samba Bathily, la société Akon Lighting Africa. Avec ces nouveaux partenaires, il crée ensuite la Solektra International, dont Samba Bathily devient le PDG, une entreprise qui vise le développement de l’électrifi­cation en Afrique grâce à l’énergie solaire. Pour ce faire, Akon ­Lighting Africa fournit des systèmes solaires domestiques, kits ­individuels ou microcentrales solaires.


 


“Dieu m’a donné un but, j’en suis convaincu”


Lors du dernier Global Citizen Forum, qui a réuni en octobre, à Sveti Stefan, au Monténégro, nombre de personnalités de la politique, des médias, des arts et des affaires pour débattre de l’état du monde, Akon y reçoit un prix pour cet engagement citoyen. “Beaucoup de chanteurs ne pensent qu’à eux, mais je crois qu’on a tous un but. Dieu m’a donné un but, j’en suis convaincu à 100 %”, explique ­celui qui ne cache pas sa foi musulmane. Aujourd’hui, plus de 600 millions d’Africains vivent encore sans accès à l’électricité…


L’initiative du rappeur vise donc à aider l’Afrique à se développer en autonomie, l’électricité domestique étant primordiale, et un élément clé de la dignité retrouvée. “Le développement africain est trop lent à cause de ce manque d’électrification. Nous voulons donc essayer de contribuer à booster le continent, en créant un environnement propice à une croissance durable.” Résultat, en quelques ­années seulement : près d’une vingtaine de pays africains a déjà bénéficié de ces installations. De nombreux foyers, villages et écoles situés en zones rurales ont pu bénéficier de l’électricité pour la toute première fois. “Avant, j’avais un peu honte d’être africain, aujourd’hui j’en suis fier. Nous, les Africains, devons développer nous-mêmes nos richesses”, explique Akon.


Cet automne, et pour la première fois, des investissements ont été déployés en Afrique australe. Un partenariat à hauteur de 50 millions de dollars a été signé dans ce cadre en faveur du ­Mozambique. Prochaine étape envisagée : l’Afrique du Nord et le Maghreb. “Ce n’est qu’un début : agriculture, éducation, beaucoup de choses restent à faire”, conclut le rappeur avec l’optimisme qui le caractérise.  


 


La suite de la Série Musique : Rap, 30 ans déjà :


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Aziz Majid