L’acteur Hichem Rostom tire sa révérence

 L’acteur Hichem Rostom tire sa révérence

Hichem Rostom est décédé ce mardi à l’âge de 75 ans à son domicile à la Marsa. Acteur comptant parmi les plus influents artistes de sa génération, sa disparition endeuille le cinéma tunisien qu’il aura marqué par une carrière jalonnée de rôles aussi ambivalents qu’audacieux.

Le corps de l’acteur a été retrouvé sans vie, chez lui, dans la banlieue nord de Tunis, par les unités de la protection civile, alertées par l’un de ses voisins. Né le 26 mai 1947, Hichem Rostom est considéré comme l’un des plus importants doyens de la comédie et du cinéma. Sa longue carrière théâtrale et cinématographique internationale, souvent engagée, est auréolée de distinctions prestigieuses dont l’ordre national du Mérite et le prix spécial du Festival du film du Caire.

Connu pour son dandysme et ancien élève du collège Sadiki de Tunis, Rostom avait poursuivi ses études supérieures à l’Institut d’études théâtrales de l’université Sorbonne-Nouvelle ainsi qu’à l’Institut des hautes études cinématographiques.

 

Du cinéma d’auteur aux grandes productions occidentales

Il a participé à de nombreuses œuvres théâtrales en France avant de revenir en Tunisie en 1988. Commencent alors des collaborations avec de grands cinéastes tunisiens dont Nouri Bouzid. Hichem Rostom brille notamment dans « Les Sabots en or » (1988), une œuvre qui traite de la délicate question de la torture. Il y joue le rôle de Youssef Soltane, un intellectuel de 45 ans, produit d’une génération qui a connu l’euphorique des grandes idéologies des années 1960, mais aussi leur faillite collective. Emprisonné sous dictature, le personnage est torturé pour ses activités d’opposant politique, des scènes particulièrement difficiles à tourner, confiera-t-il à propos de ce long-métrage qui aborde aussi la question de la réinsertion sociale post carcérale.

L’acteur se distingue plus tard dans le film primé « les Silences du palais » (1994), « la Télé arrive » (2006), et « Fleur d’Alep » (2016). Hichem Rostom a également participé à de nombreux longs métrages étrangers comme « Le Patient anglais » (1997, trois Oscars de l’Academy awards), « Paparazzi » (1998), ou encore « l’Or noir » (2011). Il a par ailleurs pris part à des feuilletons télévisées, dont « El Ness Hkaya » (1991), « Maktoub » (2008), « Njoum Ellil » (2009-2011), « Awled Moufida » (2015-2017), « Tej El Hadhra » (2018), etc.

Concomitamment à son parcours artistique, Hichem Rostom a dirigé plusieurs éditions des Journées théâtrales de Carthage, et fut l’un des co-fondateurs avec son ex épouse, l’actrice l’actrice Sana Ezzine, du festival « Rouhaniyet » (spiritualités), un festival de chants spirituels et soufis. Le 24 juin courant, lors de sa dernière apparition médiatique, il avait déploré la persistance d’un litige l’opposant à la Télévision nationale tunisienne qui n’aurait pas honoré la rémunération qu’elle lui devait pour sa participation à une production intitulée « 27 ».

 

Seif Soudani