Le Lycée Averroès, premier lycée musulman sous contrat, perd son financement public

 Le Lycée Averroès, premier lycée musulman sous contrat, perd son financement public

Cours au lycée Averroès à Lille, le 28 septembre 2023. Fondé il y a 20 ans à la suite de l’interdiction du port du foulard à l’école, Averroès est le premier lycée musulman sous contrat en France. Sameer Al-DOUMY / AFP

Le lycée Averroès, l’un des deux seuls établissements musulmans sous contrat en France, perd son financement de l’État à partir de la rentrée 2024. La décision du préfet du Nord, annoncée dimanche soir, fait suite à l’avis favorable de la commission consultative de concertation pour l’enseignement privé.

La commission consultative de concertation pour l’enseignement privé, présidée par le préfet, a examiné à la fin novembre le financement et le contenu du cours d’éthique musulmane dispensé par l’établissement. La résiliation du contrat a été notifiée au lycée par courrier, selon la préfecture, bien que les responsables du lycée affirment ne pas l’avoir encore reçu. Le lycée avait déjà prévenu fin novembre qu’il saisirait la justice administrative en cas de résiliation du contrat.

Le préfet du Nord a motivé sa décision en pointant des irrégularités de gestion et des enseignements jugés contraires aux valeurs de la République, notamment dans le cours d’éthique musulmane. Selon des sources, une inspection du CDI aurait révélé des absences de ressources sur des thèmes tels que l’homosexualité, avec une prédominance d’ouvrages religieux sur l’islam au détriment d’autres religions.

 

Un établissement affichant de bons résultats

Fondé en 2003, le lycée Averroès, qui compte environ 400 élèves, était devenu en 2008 le premier lycée musulman sous contrat en France. Il était régulièrement classé parmi les meilleurs établissements de la région. Depuis 2019, il est en conflit avec la Région des Hauts-de-France, qui refuse de verser la subvention prévue dans le cadre du contrat, reprochant un don qatari de 950 000 euros en 2014.

En soulignant des liens historiques avec l’UOIF, une organisation issue des Frères musulmans égyptiens, le préfet a également mis en lumière des questions de financement illicite. Il cite notamment une enquête ouverte par le parquet de Lille sur des prêts non remboursés. Allégations que réfute l’établissement en rappelant qu’aucun dirigeant n’a été inculpé.

Averroès est l’un des deux seuls lycées musulmans sous contrat en France, l’autre étant le lycée Al-Kindi près de Lyon. Le ministère de l’Éducation nationale n’a pas souhaité commenter la décision. La situation souligne les tensions persistantes en France autour de l’éducation et de la religion, illustrant les défis de l’intégration et de la diversité culturelle dans le système éducatif.

Rached Cherif