Le Prix 2022 de la Fondation ACAT décerné à Salah Hamouri

 Le Prix 2022 de la Fondation ACAT décerné à Salah Hamouri

La Fondation ACAT a décidé de décerner à Salah Hamouri le 8e prix Engel-du Tertre des droits humains. ABBAS MOMANI / AFP

Alors que l’avocat franco-palestinien Salah Hamouri, 37 ans, emprisonné de nouveau arbitrairement en Israël depuis mars dernier sous le régime de la détention administrative, (voir nos éditions), sera fixé sur son sort dimanche 4 décembre, voici une nouvelle qui va mettre du baume au coeur à ses proches.

 

La Fondation ACAT, l’ONG chrétienne contre la torture et la peine de mort, a décidé de décerner à Salah Hamouri le 8e prix Engel-du Tertre des droits humains. Un prix qui entend « saluer le courage et soutenir l’engagement d’une personne ou d’une organisation pour la dignité et le respect des droits humains universels ».

Une cérémonie aura lieu ce jeudi 1er décembre à Paris. En l’absence de l’avocat, le Prix 2022 de la Fondation ACAT sera donc remis à son épouse, Elsa Lefort, très émue par cette nouvelle. « Ce prix est important car il soutient le combat de Salah pour les droits humains. C’est aussi une reconnaissance de la persécution qu’il subit depuis deux décennies : emprisonnement, restrictions de mouvements, séparation familiale forcée, menace actuelle d’expulsion forcée… ». 

Depuis vingt ans, les autorités israéliennes tentent de détruire Salah Hamouri. Français par sa mère, palestinien par son père, Hamouri a grandi à Jérusalem. Il a été une première fois jeté en prison à l’âge de 19 ans, alors qu’il n’était qu’étudiant, pour son opposition à l’occupation israélienne en Palestine.

Puis entre 2005 et 2011, accusé d’avoir voulu projeter une tentative d’assassinat à l’encontre d’un rabin ultra orthodoxe ainsi que pour son supposé appartenance au FPLP (Front Populaire de libération de la Palestine). Salah Hamouri a toujours nié ces accusations. Alain Juppé, alors ministre des Affaires étrangères avouera même quelques mois après la sortie de prison de Salah Hamouri que le «dossier d’accusation était vide».

Libre, il épouse alors Elsa Lefort, une française, avec laquelle il aura deux enfants. En 2016, enceinte, et munie d’un visa délivré par le consulat français, Elsa Lefort, de retour de vacances de Noël en France, sera expulsée de l’aéroport de Tel Aviv. Depuis ce jour, elle n’a plus jamais été autorisée à revenir en Palestine où elle vivait avec son mari.

« La décision de remettre le Prix Engel-du Tertre des droits humains décerné par la Fondation ACAT pour la dignité humaine à Salah Hamouri avait été décidé en fin d’année 2021, avant sa dernière arrestation. À ce moment-là déjà, il nous semblait important de récompenser son engagement pour les droits humains tout en dénonçant les différentes formes de harcèlement et de punitions prises par les autorités israéliennes à son encontre »,  justifie Elias Geoffroy, responsable Programmes et plaidoyer Afrique du Nord & Moyen-Orient de l’ACAT-France.  

Un prix d’autant plus important pour les proches de Salah Hamouri qui dénoncent régulièrement l’inaction du gouvernement français. « Face au manque de conviction de la diplomatie française qui demande du bout des lèvres la libération de mon mari et son droit de vivre à Jérusalem, on pourrait avoir tendance à baisser les bras. Les marques de reconnaissance et de soutien au combat de Salah, comme ce prix Engel-du Tertre nous renforcent et l’aident lui aussi à tenir », a tenu encore à témoigner Elsa Lefort, ajoutant qu’à « chaque visite de ses avocats ou lors de la visite mensuelle de sa maman au parloir, Salah est tenu informé de la mobilisation en France et il est toujours très touché et ému. Comme toujours, il partage avec ses codétenus les informations.»

Dans sa prison actuelle, ils sont nombreux à être détenus depuis plus de 20 ans, beaucoup sont condamnés à perpétuité.  Il y a peu de temps, Salah  rapportait à ses avocats : « Croyez-moi, il n’y a rien de plus touchant, au milieu de cet endroit horrible que de lire dans leurs yeux l’espoir de savoir que les solidaires du monde dénoncent nos souffrances et qu’ils avancent avec nous sur le long et douloureux chemin vers la liberté. »

Après sa sortie de prison fin 2011, Salah Hamouri est placé plusieurs fois en détention administrative par les autorités israéliennes, puis relâché, sans jamais qu’aucun procès n’ait lieu. 

Lundi 18 octobre 2021, le ministère israélien de l’Intérieur annonce la révocation du statut de résident permanent de Salah Hamouri. Ce 4 décembre, la justice israélienne a prévu de statuer sur son cas. Trois scénarios sont possibles : sa libération, la prolongation de sa détention administrative et son expulsion définitive vers la France.

 

Nadir Dendoune