Détention administrative de Salah Hamouri prolongée jusqu’au 4 décembre

 Détention administrative de Salah Hamouri prolongée jusqu’au 4 décembre

L’avocat franco-palestinien Salah Hamouri. ABBAS MOMANI / AFP

La cour militaire israélienne avait jusqu’à demain, 5 septembre pour statuer sur le sort de Salah Hamouri. Elle a attendu le dernier moment pour rendre sa décision. La sentence est tombée ce dimanche : la détention administrative de cet avocat franco-palestinien de 35 ans a été prolongée de trois mois, jusqu’au 4 décembre, a-t-on appris par sa femme Elsa Lefort, pas vraiment surprise de cette décision.

 

« Visiblement, la prolongation de trois mois est très utilisée en ce moment. Ça accentue la torture. Tous les trois mois, on se demande de quoi demain sera fait. On espère une libération et puis rien. Les prisonniers sont ainsi torturés et avec eux leurs familles et leurs proches », a réagi l’épouse du prisonnier.

« Toujours sans jugement ni charge, basé sur un dossier secret auquel ni Salah ni ses avocats n’ont accès, sa détention administrative est donc prolongée de 3 mois, soit jusqu’au 4 décembre. Cette nouvelle décision politique inique témoigne de l’acharnement absolu des autorités israéliennes contre Salah et du manque d’action particulièrement évident de la diplomatie française », a écrit dans un communiqué le comité de soutien de Salah Hamouri.

En mars 2022, Salah Hamouri était de nouveau arrêté par l’armée israélienne à son domicile de Jérusalem. L’acharnement des autorités israéliennes à l’encontre de ce trentenaire ne date pas d’hier. Depuis vingt ans, elles tentent de le détruire.

Salah Hamouri, Français par sa mère, Palestinien par son père, aujourd’hui âgé de 36 ans a grandi à Jérusalem. Il a été une première fois jeté en prison à l’âge de 19 ans, alors qu’il n’était qu’étudiant, pour son opposition à l’occupation israélienne en Palestine.

Puis entre 2005 et 2011, accusé d’avoir voulu projeter une tentative d’assassinat à l’encontre d’un rabbin ultra-orthodoxe ainsi que pour son supposé appartenance au FPLP (Front Populaire de libération de la Palestine). Salah Hamouri a toujours nié ces accusations. Alain Juppé, alors ministre des Affaires étrangères avouera même quelques mois après la sortie de prison de Salah Hamouri que le « dossier d’accusation était vide ».

Libre, il épouse alors Elsa Lefort, une française, avec laquelle il aura deux enfants. En 2016, enceinte, et munie d’un visa délivré par le consulat français, Elsa Lefort, de retour de vacances de Noël en France, sera expulsée de l’aéroport de Tel Aviv. Depuis ce jour, elle n’a plus jamais été autorisée à revenir en Palestine où elle vivait avec son mari.

Après sa sortie de prison fin 2011, Salah Hamouri fut placé plusieurs fois en détention administrative par les autorités israéliennes, puis relâché, sans jamais qu’aucun procès n’ait lieu.

Lundi 18 octobre 2021, le ministère israélien de l’Intérieur a annoncé la révocation du statut de résident permanent de Salah Hamouri.

« Cette décision inique a été prise sous l’égide d’un nouvel amendement à une loi israélienne, passé en 2018, qui stipule que la résidence peut être révoquée à la suite d’une « violation d’allégeance à l’Etat d’Israël ». Je rappelle que Jérusalem est un territoire occupé depuis 1967, et que les personnes, comme mon mari, qui vivent sous occupation ne sont pas tenues d’être loyales envers la puissance occupante », nous confiait Elsa Lefort il y a quelques mois (voir nos éditions).

Pour elle, les autorités israéliennes se servent de son mari pour faire peur aux autres Palestiniens. « Elles disent « Regardez, il est Français, et ça ne le protège pas. Donc réfléchissez bien avant de vous engager contre l’Occupation ». Si mon mari représentait un danger véritable, il aurait été jeté en prison 20 ans », dénonce encore Elsa Lefort.

« Les autorités israéliennes sont clairement dans une logique de nettoyage ethnique en Palestine et en particulier à Jérusalem. Tout est fait pour que les Palestiniens partent. Selon l’ONG israélienne B’Tselem, depuis l’annexion de la ville par Israël en 1967, 15 000 Palestiniens ont perdu leur résidence à Jérusalem », ajoute encore Elsa Lefort.

 

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Nadir Dendoune