L’épouse de Kamel Daoudi assignée à résidence depuis 2008, en grève de la faim

 L’épouse de Kamel Daoudi assignée à résidence depuis 2008, en grève de la faim

L’Algérien Kamel Daoudi discute avec sa femme dans son appartement d’Aurillac, dans le centre de la France, le 19 septembre 2023. Condamné pour terrorisme, il est assigné à résidence depuis 2008, après sa sortie de prison. Sa femme a entamé une grève de la faim et de la soif pour dénoncer l’assignation à résidence de son mari en France depuis quinze ans. JEFF PACHOUD / AFP

Condamné en 2005 pour un projet d’attentat à Paris, l’Algérien Kamel Daoudi, désormais âgé de 49 ans, est assigné à résidence en France depuis 2008. Depuis 15 ans, il vit séparé de ses quatre enfants et de sa femme.

 

Après un nouveau revers, jeudi dernier, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a estimé que Daoudi n’avait pas épuisé toutes les voies de recours internes à la juridiction française. Sa femme Sandra a décidé d’entamer, lundi 18 septembre, une grève de la faim et de la soif, qualifiée d’« acte de résistance », en dénonçant un « acharnement ».

Né en 1974 en Algérie, Kamel Daoudi arrive en France à l’âge de cinq ans. Au printemps 2001, il se rend en Afghanistan. Revenu en France quelques mois plus tard, il est arrêté peu après les attentats du 11-Septembre. Motif : association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste. Il aurait fréquenté un groupe soupçonné d’avoir préparé un attentat contre l’ambassade des États-Unis en France, ce qu’il conteste.

Il est condamné en première instance à neuf ans de prison, voit sa peine ramenée à six ans en appel. Il est libéré en 2008, après en avoir purgé la totalité. Expulsable vers l’Algérie, la CEDH interdit son expulsion en raison du risque de de torture dans ce pays.

L’ex-ingénieur informaticien ne peut donc être ni expulsé ni régularisé. Mais il n’est pas pour autant totalement libre de ses mouvements en France. Depuis sa sortie de prison en 2008, il a été assigné à résidence successivement dans la Creuse, la Haute-Marne, le Tarn, la Charente-Maritime puis le Cantal. Il doit par ailleurs respecter un couvre-feu entre 21 heures et 7 heures et n’a pas le droit de quitter la commune d’Aurillac.

Sa femme Sandra « n’en peut plus » des longs allers-retours en voiture pour voir son époux, alors elle a décidé d’entamer ce lundi une grève de la faim. « Le ministère de l’Intérieur refuse d’acter que nous ne sommes plus le 23 avril 2008, date du premier arrêté d’assignation à résidence de Kamel. Il s’emploie à toujours mettre en avant la sécurité publique sans considérer l’évolution de la situation familiale depuis quinze ans. Pourtant l’assignation à résidence a des répercussions palpables sur mon quotidien », dénonce-t-elle dans une tribune publiée sur Médiapart.

Très remontée, elle rappelle que « durant toutes ces années notre famille a beaucoup trop souffert d’un ostracisme décomplexé, d’une violence institutionnelle assumée et d’un isolement qui n’est plus supportable ». 

Pour l’épouse de Kamel Daoudi, « ce qui est inhumain, ce n’est pas seulement de laisser Kamel dans cette situation sans fin, mais de me mépriser en tant que femme et de laisser grandir mes enfants en leur faisant croire que leur quotidien relève de la normalité ». 

 

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