Logement insalubre : sept Chibanis marseillais déboutés

 Logement insalubre : sept Chibanis marseillais déboutés

Illustration / Des retraités maghrébins (chibanis) à Marseille. ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP/ ARCHIVES

Le propriétaire de l’hôtel était jugé pour le délit de soumission de personnes vulnérables à des conditions de logement indignes. Il a été relaxé.

La justice a considéré que la vulnérabilité des vieux travailleurs immigrés n’était « pas suffisamment démontrée ». Sept Chibanis tunisiens se sont constitués partie civile dans cette affaire. Certains résidaient depuis plus de trente ans dans cet hôtel délabré. Pas de chauffage dans les chambres, une seule douche collective facturée 5 euros à chaque utilisation, la tuyauterie et robinetterie n’ont jamais été entretenues depuis les années 70.

Le propriétaire de l’hôtel était jugé hier, le 18 octobre, pour délit de soumission de personnes vulnérables à des conditions de logement incompatibles avec la dignité humaine.

Le tribunal correctionnel de Marseille n’a pas pu remettre en cause la salubrité des lieux : « Incontestablement, l’immeuble était dans un état de vétusté avancée dès 2011. » (…) « Les conditions de logement des plaignants sont bien qualifiables d’incompatibles avec la dignité humaine », a déclaré la présidente du tribunal.

« Pas d’élément concret »

Mais cela n’a pas suffi pour qu’ils remportent ce procès. En effet, les Chibanis ont tous été déboutés de leurs demandes de dommages et intérêts. Le parquet avait requis 30 mois de prison avec sursis et 75 000 euros d’amende. Il a aussitôt fait appel de cette relaxe.

Le tribunal a malgré tout reconnu la « fragilité économique » des locataires, il a également pris connaissance des problèmes de santé de certains Chibanis. Mais la justice a estimé qu’« il n’y a pas d’élément concret en procédure » pour démontrer cette vulnérabilité.

Fermé pour insalubrité

Pendant 46 ans, le propriétaire de cet immeuble a encaissé 189 000 euros de loyer. Il n’a apporté aucun justificatif prouvant un quelconque entretien de ce bâtiment qui date des années 70. Cet hôtel, situé rue Delui, dans le quartier du Panier, a d’ailleurs été fermé pour insalubrité, sur décision de la Ville de Marseille.

 

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Chloé Juhel