Un « comité interministériel de la laïcité » pour remplacer l’Observatoire de la laïcité

 Un « comité interministériel de la laïcité » pour remplacer l’Observatoire de la laïcité

Jean-Louis Bianco, président de l’Observatoire de la laïcité en 2013, depuis la mise en place de l’organisme. PATRICK KOVARIK / AFP

Un « comité interministériel de la laïcité » remplacera prochainement l’Observatoire de la laïcité, a annoncé vendredi Matignon. Ce dernier faisait l’objet de critiques récurrentes. Mais, de nombreuses organisations de défense des libertés saluait son action de terrain.

Les nombreuses critiques ont eu raison de l’Observatoire de la laïcité. Certains politiques lui reprochaient en effet de ne pas faire assez contre l’islamisme. Au point où le gouvernement a décidé de mettre fin à ses fonctions.

« Le décret portant la création du comité interministériel », qui doit être publié dans les tout prochains jours, « abrogera (…) celui créant l’Observatoire », lequel avait été mis en place en 2013, a indiqué Matignon à la presse.

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Sa finalité sera de « coordonner l’action du gouvernement afin de s’assurer du respect et la promotion du principe de laïcité par l’ensemble des administrations publiques », a-t-il précisé dans un communiqué. Ce dès lors que le Parlement aura définitivement adopté le projet de loi confortant les principes de la République, en principe d’ici la trêve estivale.

 

Dérangeant parce que « indépendants »

Ce projet de loi prévoit « une obligation de formation aux exigences du principe de laïcité pour tout agent public ». Il crée également des « référents laïcité dans toutes les administrations », entre autres mesures.

La nouvelle instance, « placée sous la présidence du Premier ministre », réunira les ministères concernés (Intérieur, Éducation nationale, Fonction publique). Elle reprendra les missions, notamment administratives et consultatives, de l’Observatoire de la laïcité. Le « secrétariat » sera placé sous la responsabilité du ministère de l’Intérieur. La première réunion de ce comité en décidera la forme le 12 juillet.

L’Observatoire de la laïcité avait à sa tête l’ex-ministre socialiste Jean-Louis Bianco jusqu’en avril dernier. De nombreuses voix l’avait de nouveau accusé de complaisance envers l’islamisme après l’assassinat du professeur Samuel Paty en octobre dernier. Puis, lors de l’examen au Parlement du projet de loi de lutte contre les séparatismes.

 

Soutien des acteurs de terrain à l’Observatoire de la laïcité

À l’opposé, de nombreuses organisations de défense des droits de l’homme et des libertés avaient défendu son action. Pour l’ex-président de l’Observatoire l’affaire est politique. Il « y a pas mal de gens qu’on dérange, car nous sommes indépendants, on apporte une vue apaisée », estimait-il à l’annonce de sa dissolution.

« Personne, parmi ceux qui connaissent nos travaux, ne nous accuse de laxisme », contestait le rapporteur général de l’Observatoire, Nicolas Cadène, au micro par France 24. Ajoutant « non seulement cette accusation vient systématiquement de personnalités qui veulent défendre une laïcité très raide, de type laïciste ou laïcarde, mais en plus, les polémiques sont souvent venues lorsque nous faisions simplement un rappel du droit ».

Solidarité laïque saluait « le travail remarquable et irremplaçable » de l’institution. Tandis que la Ligue de l’enseignement a dit regretter « sincèrement » la décision du gouvernement.

Depuis 2013, le bilan de l’Observatoire de la laïcité est riche de la publication de nombreux guides pratiques sur la laïcité. Il a également participé à la rédaction de chartes de la laïcité à l’échelle nationale ou locale et à la formation à la laïcité de 350 000 acteurs de terrain. L’Observatoire est aussi intervenu dans rédaction de plus de 1 000 analyses juridiques à destination des collectivités locales, entreprises, associations ou citoyens qui en faisaient la demande.

Rached Cherif