Lycéens sans papiers : scolarités brisées faute de régularisations

 Lycéens sans papiers : scolarités brisées faute de régularisations

La Cimade tire la sonnette d’alarme sur la situation de milliers de mineurs privés de leurs droits les plus élémentaires. Philippe Labrosse / Hans Lucas / AFP

Demain (15 octobre), plusieurs lycées de Seine-Saint-Denis organiseront des rassemblements afin d’alerter sur les difficultés rencontrées par les lycéens sans papiers.

Régularisation compliquée

Les lycéens sans papiers doivent impérativement déposer un dossier de régularisation à la préfecture à leur majorité. Pour ne pas se retrouver dans l’illégalité et risquer l’expulsion du territoire.

Or, le simple dépôt de ce dossier relève de la gageure. « Les délais de prise de rendez-vous par la procédure en ligne, mise en place en 2018, s’élèvent à plusieurs mois, voire plusieurs années ». C’est ce qu’a indiqué le collectif « Régularisez nos élèves sans papiers ».

Plusieurs lycéens sans papiers étudient dans les établissements de Seine-Saint-Denis et se retrouvent dans une situation délicate. C’est pourquoi, des lycées du 93 (Saint-Ouen, Saint Denis, Montreuil…) appellent à des rassemblements (15 octobre) pour interpeller le rectorat.

Scolarité brisée

Malgré une tribune, une pétition rassemblant des centaines de signatures et de « nombreuses interpellations », la préfecture de Seine-Saint-Denis reste muette selon le collectif.

« Ignorés de la préfecture, sans soutien du rectorat, des dizaines d’élèves ont déjà dû jeter l’éponge. Ils ont abandonné leurs études en alternance parce qu’ils n’obtenaient pas d’autorisation de travail » s’indignent les enseignants membres du collectif.

Les rassemblements prévus demain auront donc pour but d’interpeller directement le recteur d’académie. « Pour qu’une solution soit proposée à ces élèves et que leurs dossiers de régularisation soient traités dans les plus brefs délais ».

Dématérialisation

Depuis le déconfinement, les délais (deux mois maximum) ont recommencé à courir pour les personnes qui doivent demander un titre de séjour.

Le problème est que, souvent, seules deux possibilités s’offrent à eux : obtenir un rendez-vous via internet ou déposer sa demande en ligne.

Pourtant, une décision du Conseil d’État du 27 novembre 2019 proscrivait le caractère exclusif de la dématérialisation. Sauf que dans les faits, les services téléphoniques sont injoignables.

La crise sanitaire a eu un effet pervers concernant ces démarches. Elle a renforcé la dématérialisation du service public. Au détriment des droits des personnes qui n’y ont pas accès, notamment étrangères et parfois même des lycéens…

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Charly Célinain