Mantes-la-Jolie. Sept ans après la mort d’Othmane dans un ascenseur, la famille appelle à un rassemblement devant Otis
La famille Esshaymi et ses proches lors d’une manifestation en hommage à Othmane à Mantes-la-Jolie. Photo : DR
C’était il y a sept ans. Mais la douleur de Soumia Esshaymi, maman d’Othmane, 7 ans, mort asphyxié dans un ascenseur Otis de son immeuble du quartier du Val-Fourré à Mantes-la-Jolie (78), le 10 octobre 2015, est toujours la même.
Alors que les Esshaymi pensaient en avoir fini avec la justice et pouvoir enfin commencer leur travail de deuil, la société Otis, condamnée en première instance puis en appel pour « homicide involontaire », vient de former un nouveau pourvoi en cassation. Une décision insupportable pour la famille d’Othmane qui appelle à un rassemblement devant le siège de l’entreprise (NDLR : 23-25 Rue Delarivière Lefoullon, 92800 Puteaux), ce jeudi 24 novembre à 14h, pour faire part à Otis de leur mécontentement.
LCDL : Vous pensiez en avoir fini avec la justice…
Soumia Esshaymi : Effectivement. Poursuivie pour homicide involontaire, Otis avait déjà été condamnée à 60 000 euros d’amende en 2018, une condamnation confirmée en appel mais malheureusement cassée par la Cour de cassation pour vice de procédure. Une décision obtenue par Otis parce que l’avocat de la défense n’avait pas eu la parole en dernier !
L’affaire a donc été jugée de nouveau par la cour d’appel de Versailles en avril 2022 qui a condamné une fois de plus Otis à la même peine. Et nous pensions que l’ascensoriste allait enfin accepter la décision. Nous avions tort. Otis vient de se pourvoir de nouveau en cassation.
Une décision qui vous indigne…
Elle me révulse au plus haut point. Mon fils est mort il y a sept ans. Comme tout le monde, il a droit à la justice. Je sais que je vivrai toute ma vie avec cette douleur à l’intérieur, la douleur d’avoir perdu une partie de moi. Une décision de justice ne me rendra pas mon enfant mais une responsabilité pénale des responsables de la mort d’Othmane atténuera mon chagrin.
Et puis je mène ce combat depuis sept ans aussi pour mon fils aîné. Avec Othmane, ils étaient inséparables. Et puis il était avec son petit frère le jour du drame et il porte en lui une culpabilité qui me fait mal. Il pense à tort qu’il est en partie responsable de la mort d’Othmane. Alors que la société Otis est la seule fautive. C’est elle qui n’a pas répondu à ses obligations de maintenance et de contrôle de l’ascenseur.
La justice a également montré que l’ascenseur de votre immeuble était défectueux au moment du drame…
Oui, d’autres résidents de l’immeuble avaient signalé plusieurs fois au bailleur et à l’ascensoriste les dysfonctionnements au niveau des portes de cet ascenseur. Plusieurs semaines avant le drame, Otis avait même envoyé un devis au bailleur pour proposer de changer les portes de l’ascenseur, c’est bien la preuve que la société était consciente du problème ! Et c’est également pour ces raisons qu’Otis a été condamnée au pénal par la justice en première instance, puis en appel.
Pourtant, Otis refuse la décision de justice. C’est inadmissible et incompréhensible. Les responsables d’Otis ne se comportent pas comme des êtres humains mais comme des machines. Pour eux, la mort de mon fils n’a aucune valeur.
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