Sur les iles grecques, les bénévoles débordés demandent plus de moyens

 Sur les iles grecques, les bénévoles débordés demandent plus de moyens

(Illustration)


Les vents violents qui soufflent ces dernières semaines ont rendu plus risquée la traversée des migrants depuis les côtes turques vers la Grèce. Se sentant abandonnés par les autorités grecques et les instances européennes, les bénévoles s’organisent souvent seuls, avec les moyens du bord, pour accueillir les réfugiés qui débarquent tous les jours par milliers dans le nord de l’île.


 


Sauver des vies avec le peu de moyens disponibles


« C'est fou ici, nous manquons de moyens de secours et d'équipement médical » : comme de nombreux volontaires sur l'île grecque de Lesbos, Essam Daod médecin palestinien bénévole au sein de l’ONG IsraAid est hanté par les images de naufrages qui ont fait des dizaines de morts ces derniers jours. « Nous n'avons pas assez de bouteilles d'oxygène et il n'y a que deux ambulances sur Lesbos », déplore celui qui soigne quotidiennement de nombreuses familles naufragées, qui parviennent à gagner la côte


La semaine écoulée a été particulièrement éprouvante pour les bénévoles, avec une vingtaine de victimes mortes noyées au large de l’île. « Quand tu es médecin, ton but est de sauver des vies. Alors quand tu en perds une, tu te sens coupable, tu fais des cauchemars… », raconte, les larmes aux yeux, Essam Daod.


« L'image du petit Aylan (l'enfant syrien de 3 ans noyé début septembre sur une côte turque) a fait le buzz, mais les six corps de petits enfants que j’ai vus sur la plage ces derniers jours, personne ne semble s’en soucier désormais », ajoute-t-il.


 


Les autorités locales complètement débordées


Selon Amy Shrodes, venue du Michigan (États unis), « la plupart des volontaires à Lesbos ne font pas partie d’une grande ONG, ils viennent d'eux-mêmes aider, émus par les images qu’ils ont pu voir dans les médias ». « Heureusement, les habitants de l’île aident beaucoup aussi », ajoute-t-elle.


C’est le cas d’Alexandra S., une étudiante de Mytilène, chef-lieu de l'île, qui offre nourriture et boissons chaudes aux réfugiés frigorifiés, qui viennent de s’extirper de leurs canots. « La mairie n’est malheureusement pas assez active, les autorités sont désorganisées. Les volontaires sont seuls dans cette partie de l’île », soupire-t-elle.


Pour sa part, le maire de l'île, Spiros Gallinos, explique tout faire pour améliorer la situation : « Nous sommes plus organisés actuellement qu'en été, mais nous attendons toujours plus d'aides de nos partenaires européens. Nous le rappellerons à (Martin) Schultz cette semaine », dit-il en faisant allusion à la visite prévue du président du Parlement européen à Athènes et Lesbos dans les prochains jours. « Mais tous nos efforts sont insuffisants, comment voulez-vous qu’une petite île puisse s’occuper seule des 6 000 réfugiés qui arrivent quotidiennement sur ses côtes ? », poursuit-il.


 


« Nous devrions assurer à ces réfugiés une voie sûre pour rejoindre l’Europe »


« Pourquoi en arrive-t-on là ? Nous devrions assurer à ces réfugiés une voie sûre pour rejoindre l’Europe, ils ne devraient pas mettre leur vie en danger », s’interroge Gerard Canals chef de la mission ProActiva Open Arms, un groupe de secouristes espagnols équipés notamment de deux jet-skis. Essam Daod dénonce aussi l'absence sur le terrain de grandes organisations comme l'ONU, tout en soulignant que des tentes et des couvertures ont été offertes par Haut-commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR).


Selon le HCR, un peu plus de 218 000 migrants et réfugiés ont traversé la Méditerranée pour rejoindre l'Europe en octobre malgré de mauvaises conditions météorologiques, un « record mensuel ». La très grande majorité – 210 000 – sont arrivés en Grèce, principalement sur Lesbos.


Rached Cherif


(Avec AFP)

Rached Cherif