Nadia Khiari célèbre dix ans de révolution avec son personnage Willis

 Nadia Khiari célèbre dix ans de révolution avec son personnage Willis

Nadia Khiari continue de dessiner pour ne pas perdre cette liberté.

Artiste tunisienne, peintre et dessinatrice, Nadia Khiari publie une nouvelle BD « Willis from Tunis, 10 ans et toujours vivant »

Elle rentre au pays et devient professeur dans un lycée de Tunis, après des études à la faculté d’arts plastiques d’Aix-en-Provence. La Tunisie ployait alors sous un régime policier et autoritaire. Les événements de janvier 2011 libèrent la parole et poussent l’artiste à exprimer enfin sa colère. Nadia Khiari choisit un chat comme emblème et la satire comme mode d’expression.

Dès les premiers jours de la révolution, la dessinatrice enchaine les vignettes sur les réseaux sociaux. Sous les traits de son crayon se profile son personnage, Willis de son nom. Il devient le chroniqueur satirique en chef. Le succès est immédiat. « Willis from Tunis » raconte par le dessin, moyennant un style mordant, la révolution au jour le jour.

Dessiner pour ne perdre cette liberté

Pourquoi, a-t-elle choisi un chat ? Pour «  me planquer derrière », révèle-t-elle. C’était une manière de rester anonyme et de continuer à témoigner sans risque. «Cela fait plus de trente ans que je ferme ma gueule », Basta !

Nadia Khiari a été plusieurs fois primée pour son travail. En 2012, elle remporte le Prix Honoré-Daumier lors de la deuxième rencontre internationale des dessinateurs de Cartooning for Peace. En 2013, elle reçoit le titre de docteur honoris causa de l’Université de Liège. La dessinatrice figure parmi les 100 femmes distinguées par la BBC.

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A sa manière, l’artiste engagée célèbre aujourd’hui la révolution tunisienne par la publication du tome 4 de son livre « Willis from Tunis, 10 ans et toujours vivant », paru aux Éditions Elyzad. Willis, malin comme un chat, subtil et moqueur est célèbre dans le pays et hors-frontières. Il compte plus de 15 mille amis sur face book.

Dix ans après, la parole est libre en Tunisie, mais la révolution est loin d’avoir honoré ses engagements. Les Tunisiens sont déçus. Nadia Khiari, dans le désenchantement ambiant, continue de dessiner pour ne pas perdre cette liberté.

 

 

Mishka Gharbi