Football. Nabil Dirar : Un bad-boy à Monaco… et chez les Lions

 Football. Nabil Dirar : Un bad-boy à Monaco… et chez les Lions

Monaco n’a pas hésité à lâcher 7


Aussi indiscipliné que talentueux, Nabil Dirar, Marocain formé en Belgique, mais surtout, dans la rue, vient de s’engager avec Monaco. Lundi, il a également été appelé par Eric Gerets pour rejoindre les Lions de l’Atlas, sur lesquels il n’était pas loin de cracher la semaine dernière…




 


Monaco a placé sa confiance en Nabil Dirar. Le club de la Principauté n’a ainsi pas hésité à lâcher 7,5 millions d’euros pour acquérir l’ailier du Club Bruges, le 31 janvier, dans les dernières heures du mercato d’hiver.


A peine débarqué sur le Rocher, Dirar, auteur de quatre buts et huit passes décisives en Jupiler League cette saison, vient d’enchaîner deux titularisations. Le CV du Marocain, qui soufflera cette semaine (25 février) ses 26 bougies, n’offre pourtant que des garanties précaires.


Les qualités de ce tonique ailier, à la technique peaufinée dans les rues banlieusardes de Bruxelles, sautent aux yeux, mais ses explosions volcaniques, et son individualisme revendiqué, rendent ses saisons trop intermittentes.


En Belgique, Nabil Dirar s’est fait une sale réputation, celle d’un bad-boy, collectionneur d’embrouilles. Le benjamin d’une fratrie de onze enfants a débuté sa carrière en 2005, en D3. Il devient une attraction médiatique quand il signe au Club Bruges en 2009, l’une des équipes les plus populaires de Belgique.


Ses crochets de virtuose ébahissent, mais c’est son comportement qui va rapidement braquer les supporters contre lui. En septembre 2009, il crache sur un adversaire. Au mois de novembre, il est sanctionné par son club pour avoir manqué un entraînement. En octobre 2010, il agresse violemment Tiko, joueur de Lokeren, qui avouera avoir craint de devoir mettre un terme à sa carrière.




Il mord un adversaire


Les indisciplines de Dirar le conduisent à fréquenter trop assidument les rangs de l’équipe B du Club Bruges. En mars 2011, le Marocain fait un nouveau séjour avec la réserve, après s’en être pris à un coéquipier en plein match.


Bruges s’accroche toutefois au talentueux ailier, en espérant parvenir à canaliser ses accès de fureur, comme l’OM s’est acharné à vouloir domestiquer Hatem Ben Arfa, ou comme Manchester City préfère parfois appliquer la politique de l’autruche quand Mario Balotelli fait un bras d’honneur aux règles les plus basiques du savoir-vivre.


« J’ai dû mal à maîtriser mes émotions, a confessé Dirar, en novembre dernier, peut-être parce que j’étais le petit de la famille et qu’on ne me refusait rien, mais je travaille là-dessus avec un coach mental ».


Dirar, jeune homme souriant à la ville, venait alors à nouveau de défrayer la chronique pour avoir mordu au bras un adversaire, lors du choc entre Bruges et le Standard Liège.


Celui qui, adolescent, avait opté pour une formation de mécanicien, accumule les accrochages, mais il semble qu’il y aura toujours un club, un entraîneur, pour croire en ce type de joueurs, par peur de passer à côté d’une rédemption prometteuse, tant Dirar exhale le talent.


Une nouvelle preuve ? La semaine dernière, le Marocain, dans une interview à SportFoot Mag, exprimait tout son dédain pour les Lions de l’Atlas. « J’ai ma fierté, amorce t-il. Je ne voulais pas aller à la CAN pour être sur le banc ou dans la tribune. Y aller regarder les autres, ça ne m’intéressait pas. Ma femme enceinte a plus besoin de moi qu’une équipe qui ne veut pas me faire joueur. »


Autrement dit, mon cas personnel avant le bien collectif. Un discours franc ou arrogant qui rappelle certaines prises de parole de Nicolas Anelka. « Mon objectif, ce n’est pas du tout l’équipe du Maroc, enchaîne Dirar. A la limite, je m’en fous de mon équipe nationale !»


Des propos à se faire bannir à vie de la sélection. Pourtant, lundi, Dirar apprenait qu’il était sélectionné par Eric Gerets pour le prochain rendez-vous des Lions de l’Atlas, le 29 février, face au Burkina Faso.


 


Il opte pour le Maroc par défaut


Dirar et les Lions de l’Atlas, l’histoire avait très mal débuté. En 2008, il avait décliné une sélection, expliquant qu’il préférait s’engager avec la Belgique. Sauf que, pour avoir disputé un match avec les Espoirs marocains après ses 21 ans, le Casablancais ne pouvait plus opter pour les Diables Rouges.


De dépit, il enfila donc le maillot des Lions de l’Atlas dès l’automne 2008. Depuis, il a été appelé de manière sporadique. Sept sélections au total, la dernière lors de la LG cup, en novembre.


L’été dernier, le club Bruges avait fait résigner son surdoué pour cinq ans. Il comptait sur lui. Comme Monaco et Eric Gerets aujourd’hui. Dirar a trop souvent dérapé, mais la balle est encore dans son camp. A lui de ne pas épuiser les derniers jokers, que son talent lui a permis d’accumuler.


Thomas Goubin




 

Thomas Goubin