France – À Montfermeil, Guéant s’en prend aux étrangers

 France – À Montfermeil, Guéant s’en prend aux étrangers

Claude Guéant ne se lasse pas de revenir sur un thème qu’il affectionne

Hier jeudi, le ministre de l’Intérieur Claude Guéant s’est rendu dans la ville de Seine-Saint-Denis, 6 ans jour pour jour après les émeutes. Il est venu s’en prendre aux immigrés, coupables à ses yeux de ne pas jouer le jeu de l’intégration.

Guéant avait préparé le terrain hier matin jeudi sur LCI. Invité, le ministre de l’Intérieur n’avait pas fait dans la dentelle au micro de la chaîne de télé : « Les immigrés doivent adopter nos coutumes, respecter nos lois et être intégrés ».

Une attaque en réponse à l’étude conduite par le politologue Gilles Kepel, à Clichy-sous-Bois et Montfermeil (Seine-Saint-Denis). Elle mettait en avant une « intensification de l’identité musulmane » et un désamour pour les règles de la République.

Claude Guéant a donc décidé de se rendre à Montfermeil car « il se constitue des communautés qui sont d’origine immigrée, qui vivent selon des règles qui sont les leurs, qui s’éloignent du respect de la règle commune, et qui d’ailleurs ont peu connaissance des lois de la République et des modes de vie de la France ».

Une charge qui arrive un peu tard, l’étude est parue il y a pratiquement un mois. Le ministre venait surtout en campagne, deux jours après avoir validé une « charte des droits et devoirs du citoyen français » élaborée par le Haut Conseil à l’Intégration (HCI) que devront signer les étrangers naturalisés à partir du 1er janvier 2012.

Non-renouvellement du droit de séjour

Peu de temps après son interview, le ministre de l’Intérieur est arrivé à Montfermeil dans la matinée. Les journalistes n’ont pas été prévenus à l’avance de cette visite, le ministère voulait la jouer incognito. Le ministre ne jouit pas d’une côte de popularité très élevée dans les quartiers sensibles ; mieux valait ne pas ameuter les troupes.

Guéant a d’abord assisté à un cours de français dispensé à des femmes immigrées, avant de rencontrer quelques acteurs du quartier. Il a ensuite discouru sur l’intégration devant un comité très restreint à la Maison de l’Habitat et des Cultures.

Sur un thème qu’il affectionne tout particulièrement, la réduction de l’immigration légale, il a d’abord rappelé grossièrement que « 24 % des étrangers non-communautaires sont au chômage dans notre pays ».

Pour pouvoir se « débarrasser » d’une partie des étrangers, la ministre a attaqué ceux qui ne suivent pas les règles. Chaque année, 24 000 personnes suivent une formation pour apprendre le français. Selon lui, 5 500 personnes ne la suivent pas, elles devront dont être sanctionnées, et là où ça fait le plus mal, par le non-renouvellement du droit de séjour.

Sur les terres du FN

« En cas de mauvaise volonté avérée », les conseillers généraux doivent suspendre le versement d’une partie des prestations familiales si les enfants ne vont pas à l’école ou causent des troubles, a rappelé le ministre.

« Dans cet esprit, je proposerai au Premier ministre de doter les préfets d’un pouvoir de substitution en cas de carence dans la mise en œuvre du contrat de responsabilité parentale » a-t-il rajouté.

Guéant a martelé ses propos entendus plus tôt : « Les étrangers admis à vivre en France doivent adopter nos règles de vie et apprendre notre langue », avant de verser dans l’ironie : « Comment voulez-vous trouver facilement du travail si vous ne parlez pas le français ? ».

Pour lui, pas doute, si les étrangers ont du mal à apprendre notre langue, c’est en grande partie à cause d’un repli communautaire.

Dans son discours, le ministre a rappelé qu’il s’agissait d’un « grand risque pour notre société » : « Ce risque, c’est celui de la création de communautés étrangères refermées sur elles-mêmes, fidèles aux règles qui caractérisent leur culture ou leur religion, mais peu soucieuses, voire peu informées des lois de la République et des principes essentiels qui structurent notre vivre ensemble ».

En mettant les étrangers au cœur de tous les maux de la société, le ministre de l’Intérieur vient chasser sur les terres du Front National. Le thème de l’immigration a fait ses preuves en 2007, l’UMP ne changera pas d’un iota.

Jonathan Ardines

Jonathan Ardines