France : avec Guéant qui parle d’immigration, les préjugés se banalisent

Décidément depuis qu’il est ministre de l’intérieur, Claude Guéant ne manque jamais une occasion de choquer lorsqu’il aborde la question de l’immigration. Dimanche 23 mai, interrogé sur Europe1, il n’a pas failli à sa réputation. Abordant le thème de la réduction de l’immigration, il a affirmé que «contrairement à une légende, il est inexact que nous ayons besoin de talents, de compétences (issues de l’immigration). Il y a de l’ordre de 2.000 personnes qui viennent à ce titre. Mais on n’a pas besoin de maçons, de serveurs de restaurants. Il y a en France de la ressource parmi les Français».Ces propos rappellent immanquablement le style utilisé par le Front national. Surtout que le ministre de l’intérieur cumule ce type de déclarations. Pas plus tard que le 17 mai, alors qu’il était en visite à Tunis, il n’avait pas hésité à réitérer sa position vis-à-vis des «Tunisiens de Lampedusa», rappelant qu’ils «ont vocation à retourner dans leur pays et ce retour se fera dans le respect de leur dignité». «Dans le contexte de la révolution, un certain nombre de jeunes Tunisiens ont quitté la Tunisie pour l’Italie, beaucoup ont demandé à gagner la France, mais cette dernière s’y est opposée». L’objectif annoncé par Claude Guéant est de réduire le nombre d’immigrés légaux admis chaque année en France de 200.000 à 180.000.

L’immigration, le mal de la France ?

Marchant sur les pas du FN, Claude Guéant n’hésite pas dans ces discours à amalgamer immigration, religion et nationalité du migrant, pouvant créer une confusion chez son auditoire. Fraîchement nommé au ministère de l’intérieur en janvier 2011, il avait déclaré : «les Français, à force d’immigration incontrôlée, ont parfois le sentiment de ne plus être chez eux, ou bien ils ont le sentiment de voir des pratiques qui s’imposent à eux et qui ne correspondent pas aux règles de notre vie sociale».

«Les Français ont le sentiment que les flux (migratoires) non maîtrisés changent leur environnement. Ils ne sont pas xénophobes. Ils veulent que la France reste la France». En avril dernier, à Nantes, il enfonçait le clou : «C’est vrai que l’accroissement du nombre de fidèles de cette religion, un certain nombre de comportements, posent problème» A l’entendre, on pourrait facilement envisager l’immigration comme fléau social. Elle serait à mettre en relation avec l’échec scolaire. «Contrairement à ce que l’on dit, l’intégration ne va pas si bien que ça. Le quart des étrangers qui ne sont pas d’origine européenne sont au chômage, les deux tiers des échecs».

Pour Arielle Schwab, présidente de l’UEJF, «les préjugés se banalisent».

Gypsy Allard