France. Mort de Hakim Ajimi : début du procès

 France. Mort de Hakim Ajimi : début du procès

Les parents (G et D)

Hier lundi s’est ouvert à Grasse (Alpes-Maritimes) le procès de sept policiers pour homicide involontaire et non-assistance à personne en danger. Quatre ans après la mort de Hakim, la famille réclame justice.


« Ce n’est pas un procès ordinaire », a tout de suite annoncé Franck Robail, le président du tribunal correctionnel. Il a continué en insistant sur « la gravité des faits reprochés » rappelant au passage que les policiers exercent un « métier particulièrement difficile ».

Ce procès qui devrait s’achever vendredi 20 janvier intervient quatre ans après le décès de Hakim Ajimi. Le 9 mai 2008, alors qu’il rentrait chez lui après une vive altercation avec son banquier, Hakim est interpellé par la Bac de Grasse.

Il résiste, les policiers lui passent alors les menottes aux poignets mais aussi aux pieds. Le jeune homme se retrouve face contre terre. Un policier lui applique une technique d’immobilisation interdite dans certains pays, la « clef d’étranglement ». Pendant ce temps, son collègue s’assoit sur le dos de Hakim pour le bloquer au sol. Inconscient, le jeune homme est embarqué avant d’être déclaré mort.

« Il est mort sur la voie publique d’une mort par asphyxie lente et atroce », déclare Me de Vita, l’avocat de la famille, rappelant que l’expertise médicale avait conclu à une « asphyxie mécanique lente due à une privation d’oxygène par la compression thoracique, potentialisée par la clef d’étranglement ». « On n’a pas à utiliser la force quand quelqu’un est déjà menotté » rajoute-t-il.

 

« Pourquoi ils ont tué Hakim »

Depuis ce jour, la famille Ajimi a quitté Grasse. Trop difficile de continuer à « croiser les assassins de mon fils », déclare Boubakeur, son père. Aujourd’hui, il attend « la vérité » et que la justice juge « ces policiers comme n’importe quel citoyen ».

Dans le box des accusés, ils sont sept. Deux policiers de la Bac, âgés de 37 et 42 ans, jugés pour homicide involontaire, ils risquent 3 ans de prison. Les cinq autres policiers qui avaient conduit le jeune homme au commissariat alors qu’il était inconscient sont poursuivis pour non-assistance à personne en danger, et risquent 5 ans de prison.

Pour ce premier jour de procès, la défense a fait citer un instructeur de police. « Il a rappelé que le policier a l’entière responsabilité de son interpellé, qu’il doit agir proportionnellement au but attendu et doit en permanence contrôler la situation », rapporte Me de Vita.

À la barre, la supérieure hiérarchique des policiers au moment des faits, Véronique Morandi, a mis en avant les qualités professionnelles des policiers et a parlé d’une « interpellation légitime », sans cacher qu’il s’agit d’ « un échec » pour la police.

« Je ne vois pas ce que l’on peut reprocher à l’un ou à l’autre » a déclaré Gérard Baudoux, avocat des deux policiers de la Bac.

À la fin de cette première journée du procès, on a senti le père de Hakim agacé, « Pour l’instant, on n’entend parler que de policiers exemplaires ». « On va apporter nos témoignages et j’espère que cela va changer la donne », avance-t-il.

Boubakeur attend que « les policiers disent pourquoi ils ont tué Hakim alors qu’il était menotté ». Il veut aussi que « la clé d’étranglement soit interdite », pour que plus jamais ne puisse arriver un tel drame.

Jonathan Ardines

Jonathan Ardines