France. Sarkozy joue la carte de la « protection »

 France. Sarkozy joue la carte de la « protection »

A Villepinte


Il se savait très attendu. Pas au mieux dans les sondages, le président sortant a tenté de redonner un second souffle à sa campagne, hier dimanche à Villepinte (Seine-Saint-Denis). Sans jamais parler de son bilan, Nicolas Sarkozy a annoncé vouloir « changer l’Europe pour sauver la France ».




 


Ils étaient 50 000 à avoir fait le déplacement pour encourager leur candidat. Accueilli sous les « Sarkozy président », le candidat UMP était hier lundi en mission à Villepinte. Il devait relancer une campagne plombée par le désamour populaire.


Pour sauver la France, il faudra d’abord changer l’Europe, explique-t-il. « Si rien ne change, les peuples d’Europe ne supporteront pas longtemps les conséquences d’un laissez-faire dévastateur », lâche-t-il inquiet.


Il l’annonce, il veut une renégociation des accords de Schengen sur les flux migratoires dans l’Union Européenne. Lui qui a toujours suivi la chancelière allemande Angela Merkel menace : « Si je devais constater que, dans les douze mois qui viennent, il n’y avait aucun progrès sérieux dans cette direction, alors la France suspendrait sa participation aux accords de Schengen jusqu’à ce que les négociations aient abouti ».


Le ton est donné. Nicolas Sarkozy, l’Européen convaincu, promet que si rien n’avance, la France agira seule. Une stratégie qui se tient. Le président candidat veut récupérer les voix du Front National. Celles qui lui ont permis de l’emporter en 2007.


Plus crédible sur la sécurité et l’immigration, il décide de changer de cap. Marine Le Pen peine à convaincre sur la sortie de l’euro. Un thème cher aux électeurs du FN. Nicolas Sarkozy décide donc de jouer la carte du protectionnisme.


Mais pour ne pas perdre les européens convaincus, il n’utilisera pas ce terme de « protectionnisme » qu’il rejette et préfèrera parler de « protection ». Un terme déjà entendu chez… François Hollande quand il réclame le « juste échange ».


 


Un « buy European Act »


Le président candidat souhaite un « Buy European Act » à l’image du « Buy American Act » afin que toutes les entreprises qui produisent en Europe puissent bénéficier de l’argent public européen. « Le libre-échange, oui ! La concurrence déloyale, non », a prévenu Nicolas Sarkozy sous un déluge d’applaudissements.


Toujours menaçant, il prévient l’Europe, la France la jouera solo si elle n’est pas suivie : « Si dans les douze mois qui viennent aucun progrès sérieux sur l’exigence de la réciprocité avec nos principaux partenaires n’était enregistré, alors la France appliquera unilatéralement cette règle jusqu’à ce que les négociations aboutissent » assure-t-il.


Comme les « États-Unis », il promet que « la France exigera que désormais les PME européennes aient une part des marchés publics qui leur soit réservée ». Avant de prévenir une nouvelle fois, « si au bout d’un an nous n’avons pas progressé, la France appliquera unilatéralement sa propre charte des PME jusqu’à ce que les négociations aboutissent ».


Pendant une heure, le candidat UMP a axé son discours sur l’Europe. Même s’il a envoyé quelques pics aux immigrés, « l’étranger qui vient en France pour le seul attrait de nos prestations sociales » par exemple, Nicolas Sarkozy n’est pas revenu sur le halal ou le vote des étrangers.


Après avoir passé 5 années à suivre pas à pas l’Allemagne pour tenter de sauver l’Europe, le candidat change de stratégie pour essayer de récupérer un électorat frontiste indispensable à sa victoire.


Si les militants UMP présents en Seine-Saint-Denis n’ont pas caché leur joie à la fin du meeting, il est difficile de dire si ce meeting aura vraiment redonné du souffle à la campagne du président sortant. Il faudra sans doute attendre quelques jours et l’arrivée des prochains sondages pour avoir une réponse.


Jonathan Ardines




 

Jonathan Ardines