Grève dans la fonction publique : l’enseignement ouvre le bal

 Grève dans la fonction publique : l’enseignement ouvre le bal

Lassad Yaacoubi


Une seconde rencontre, celle de la « dernière chance », devrait avoir lieu entre le chef du gouvernement Youssef Chahed avec le secrétaire général de l’UGTT Nouredine Taboubi ce soir lundi 19 novembre 2018, avec pour enjeu la tenue ou non d’une grève générale jeudi prochain. Mais les enseignants n’ont pas attendu ces négociations pour passer à l’acte. 


Quelle que soit l’issue des pourparlers de la Kasbah, le secteur de l’enseignement, dans ses deux branches du secondaire et du supérieur, particulièrement mobilisé, devrait en effet mettre à exécution d’importantes actions syndicales allant jusqu’au boycott des examens.  


Concernées par d’autres demandes que les majorations salariales non appliquées, les branches UGGTistes de l’enseignement prendront part également à la grève générale le 22 novembre qui englobe l’ensemble de la fonction publique.


 


L’UGTT annonce un boycott des examens du 1er semestre


Connu pour sa radicalité, le secrétaire général de la fédération du syndicat de l’enseignement secondaire Lassad Yaacoubi a affirmé hier dimanche que la décision de la commission administrative portant sur le boycott des examens du premier trimestre est « appropriée », notamment après l’échec du premier round des négociations, et « ne sera annulée qu’après la réalisation des revendications ».


Intervenant lors de la réunion de la fédération générale du syndicat de l’enseignement secondaire à Sfax, Yaacoubi, également connu pour une certaine indépendance, a indiqué que la commission n’a pris « aucune décision unilatérale et sans recours au bureau exécutif de l’UGTT », insistant sur l’impératif d’examiner avec sérieux le dossier du secteur de l’enseignement secondaire.


La demande de baisse de l’âge de départ à la retraite est une revendication essentielle pour le syndicat, a encore ajouté Yaacoubi, signalant que la grève du 22 novembre dans le secteur de la fonction publique est une quant à elle une grève organisée pour « défendre la souveraineté nationale », allusion à l’enjeu plus large des mesures d’austérités requises par le Fonds Monétaire International.


Toujours à Sfax, le ministre de l’Education nationale Hatem Ben Salem a fermement affirmé dimanche que « la loi sera appliquée en cas de non-respect du calendrier des examens et des vacances scolaires, conformément à l’accord signé en début de l’année scolaire entre la fédération générale de l’enseignement secondaire et l’autorité de tutelle. »


En 2017, le même syndicat affilié à l’UGTT avait appliqué le procédé de la rétention des notes des élèves post examens.


 


Grève de 3 jours dans le supérieur


L’Union des enseignants universitaires et chercheurs tunisiens a pour sa part annoncé qu’elle entamait à partir de ce lundi une « grève périodique » de trois jours, décidée en réaction à la non application de l’accord conclu le 7 juin 2018, selon le syndicat, avec le ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Selim Khalbous.


Toujours dimanche, l’Union des enseignants universitaires et chercheurs a annoncé qu’elle a reçu aujourd’hui une réponse du ministère de l’Enseignement supérieur qui refuse de fixer une séance de travail ce lundi en vue de se mettre d’accord sur un calendrier de négociations autour des incidences financières du nouveau statut des chercheurs universitaires. 


Le fait de rejeter cette revendication « raisonnable » montre bien les tergiversations du ministère à propos du respect de la grille des salaires des chercheurs universitaires, estime l’Union.


Cette dernière a par conséquent décidé d’organiser une grève en deux temps, de trois jours les 19, 21 et 23 novembre 2018, puis les 27 et 29 novembre 2018 ainsi que le 1er décembre 2018. Elle a par ailleurs décidé d’observer une grève administrative en bloquant les notes des devoirs de contrôle et des travaux pratiques, selon un préavis de grève lancé dès le 4 novembre dernier.


 


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Seif Soudani