Maroc- Les magistrats créent leur association indépendante

Malgré le refus du ministère de l’Intérieur d’accorder aux juges marocains l’autorisation, tant attendue, de créer leur association, ces derniers sont passés outre, en tenant leur assemblée générale constitutive devant l’Ecole nationale de l’industrie minérale (ENIM), annonçant ainsi la création du Club des juges du Maroc.

Déçus par l’Amicale Hassania des magistrats, 400 juges marocains se sont retrouvés le samedi 20 août devant le siège de l’ENIM, dans le but d’organiser leur première assemblée générale en tant qu’association indépendante. Ils ont été interdits d’entrée à la dernière minute par une décision du ministère de l’Intérieur.

Cela n’a pas dissuadé les magistrats venus des différentes régions du Maroc. « Cette interdiction est pour nous un cadeau de l’Intérieur. Cela nous a permis de tenir notre Assemblée constitutive sur la voie publique, devant tout le monde », annonce alors Mohamed Anbar, Vice-président du Club des juges du Maroc.

Le Club en question est venu répondre à la somme de revendications léguées aux oubliettes par l’Amicale Hassania des magistrats, le représentant officiel de ce corps de métier, depuis plus de 17 ans. Depuis le temps qu’on en parle, la nouvelle dynamique que connaît le pays et surtout la nouvelle constitution mise en application ont encouragé la création de cette association dont les juges attendent énormément.

Liberté d’expression pour les juges !

En effet, dans son article 111, la constitution stipule que « les magistrats jouissent de la liberté d’expression, en compatibilité avec leur devoir de réserve et d’éthique judiciaire. Ils peuvent appartenir à des associations professionnelles, dans le respect des devoirs d’impartialité et d’indépendance et dans les conditions prévues par la loi. Ils ne peuvent adhérer à des partis politiques ou à des organisations syndicales ».

Les syndicats de la justice se sont manifestés très rapidement pour porter appui aux magistrats. Il s’agit en particulier du syndicat démocratique de la justice, affilié à la FDT (Fédération démocratique du travail), qui a fortement dénoncé les parties occultes qui veulent entraver cette initiative « louable  qui vise à œuvrer pour l’indépendance de la Justice ». En exprimant son soutien total au nouveau Club des juges du Maroc, le syndicat a sollicité l’intervention du Conseil national des droits de l’Homme pour venir au secours des juges !

Mohamed Anbar, le vice-président du Club, demeure imperturbable. Il annonce déjà de grands chantiers à l’issue de la première réunion du bureau exécutif, qui aura lieu cette semaine. Avec tous les respects dus à l’Amicale Hassania, il estime que l’organisation n’a pas su répondre aux aspirations et des ambitions des magistrats, aussi bien sur le plan social et personnel que sur le plan professionnel. Sur ce, le Club des juges du Maroc promet un avenir plus rose à l’ensemble des représentants de l’autorité judiciaire.

Fedwa Misk

Fadwa Miadi