Société. Bienvenue chez les Scouts Musulmans de France

Dernier né du scoutisme français, les Scouts Musulmans de France (SMF) font désormais partie du paysage. Après une nouvelle « Flamme de l’espoir », ils préparent actuellement l’OMRA 2012. Un pèlerinage à la Mecque entièrement pris en charge pour les personnes à mobilité réduite.

« Depuis 3 ans, ce sont les scouts musulmans qui dirigent la fédération française du scoutisme. Le premier mouvement de jeunesse en France avec 100 000 jeunes », annonce fièrement Farid Aït-ouarab, chargé de communication des SMF.

Créés en 1991, les SMF ont la même philosophie que les autres, seul la religion change : « Nous sommes des scouts comme tout le monde, nous nous inspirons de la spiritualité musulmane au quotidien. Nous formons les jeunes à être actifs dans la société et à être solidaires ; nous ne récitons pas des versets du Coran pour en faire des imams », explique Farid.

Aider son voisin, protéger la forêt en la nettoyant par exemple, « il faut qu’ils vivent leur spiritualité ». Un morchid (aumônier) est là pour répondre à toutes les questions qu’ils peuvent se poser sur la religion.

Dès 7 ans et jusqu’à 20 ans pour les plus vieux, les jeunes rejoignent les scouts musulmans pour apprendre à vivre ensemble. « On reçoit souvent des jeunes désemparés. Au départ ils sont déboussolés puis dès qu’on leur donne la boussole, tout s’arrange », s’enthousiasme Farid.

N’allez pas croire que les filles n’ont pas leur place ici. Les SMF ont été les premiers scouts mixtes de France. Aujourd’hui, ils comptent 55 % de filles, « les parents nous font confiance et les filles qui ne sortent pas souvent viennent camper avec nous. Ce sont les plus volontaires ».

Un tour de France citoyen

Les SMF forment des jeunes au BAFA sur toute la France. « Tout se passe dans la forêt, pas entre 4 murs comme chez les autres formateurs », insiste Farid.

Dans un souci d’autonomie, c’est aux jeunes de préparer leur voyage. Ils payent leur billet de train, vendent des calendriers, font des paquets cadeaux dans les centre commerciaux ou organisent des brocantes.

Avec l’expérience accumulée au cours des années, les SMF ont compris que donner des responsabilités aux jeunes et les laisser s’exprimer, pouvait faire la différence.

La flamme de l’espoir créée en 2007 va dans ce sens. « À Marseille en 2006, une jeune fille a brûlé dans un bus à Marseille. On a décidé de faire un tour de France en bus pour transformer la flamme destructrice en flamme de l’espoir », nous raconte Farid.

En 2009, une flamme de l’espoir euro-méditerranée a été organisée avec la traversée de la Libye, de la Tunisie et de l’Algérie où des scouts marocains les ont rejoins.

Cette année, la flamme de l’espoir citoyen a traversé 26 villes dans l’hexagone du 5 mai au 4 septembre. Avec un objectif simple, « Leur faire sentir qu’ils font partie de ce grand pays et les inciter à aller voter », dixit Farid.

Un pèlerinage à la Mecque pour les handicapés

Les SMF continuent de donner de leur temps malgré des moyens financiers limités. Le budget d’État a baissé et les entreprises rechignent à mettre la main à la poche. En 2007, le PDG de Total a refusé d’aider, prétextant « qu’il ne finançait pas les associations religieuses ».

Les animateurs se font rares car les jeunes ont beaucoup plus de mal avec le bénévolat aujourd’hui selon Farid qui explique : « Ils dépensent 100 euros pour des baskets, mais ils ont du mal à mettre 20 euros de cotisations sur une année… ».

Pas le temps de cogiter. Le pèlerinage arrive et les SMF vont organiser l’OMRA pour la 4^ème année consécutive. Deux scouts accompagnent avec eux une personne à mobilité réduite sur les lieux saints de l’Islam. « C’est le voyage d’une vie » témoigne Farid avant de lancer un appel, « les gens intéressés peuvent nous faire parvenir un dossier, c’est un médecin qui tranchera ».

Pris en charge tout au long du séjour et hébergé dans un hôtel du groupe Accord Moyen Orient entièrement adapté pour les handicapés, les voyageurs vont vivre un moment unique. « Notre plus beau projet », selon Farid qui conclut sur une anecdote : « Une femme très malade et en fin de vie nous a contactés pour partir avec nous. Sa famille pensait que c’était la dernière fois qu’elle la verrait. À son retour, elle allait mieux, sa famille n’en revenait pas. C’est un miracle ».

Pour postuler à l’OMRA :

http://scoutsmusulmans.fr/omra-2011/

Jonathan Ardines