Maroc. La séduisante finance islamique

 Maroc. La séduisante finance islamique

Mohamed Najib Boulif

La finance islamique emménage au Maroc. Après le succès de ce système de par le monde, c’est au tour du Maroc de s’ouvrir à ce modèle économiquement valide et dont l’arrivée inéluctable est maintenant certaine avec le PJD au pouvoir.

N’est-ce pas le système financier conventionnel qui a mis le monde entier face à la crise ? Spéculation, endettement, cartes de crédits et richesses imaginaires ? La finance islamique apporte la solution. Du moins, c’est ce qu’on prétend.

Depuis les années soixante, ce système a pu se développer dans le monde arabe au point de réussir à infiltrer le marché occidental. Il n’est plus étonnant d’entendre les financiers chevronnés ou des ex-traders vanter les mérites de ce système de finance, jadis estimé archaïque et non adapté à la réalité, sinon à la créativité du marché.

Actuellement, on estime la taille du marché de la finance islamique à plus de 950 milliards de dollars, avec une croissance d’environ 20% au cours des trois dernières années !

Et chez nous ?

Ce même système, considéré comme moralement éthique, séduit de plus en plus  au Maroc. Dans les cercles religieux, on ne parle que des mérites de ce financement qui ne recourt pas à l’intérêt (Riba) et qui ne spécule pas sur un capital virtuel.

Najat, enseignante, refuse de recourir à la banque conventionnelle. Pour l’achat de son appartement, elle préconise le prêt sans intérêt auprès de ses amies. En effet, étant donné que l’Islam interdit la « thésaurisation » de l’argent et le gain engendré par cet investissement supposé sans effort ni risque, les banques islamiques pourraient proposer une meilleure alternative à ces prêts qu’elle récolte par petites sommes insuffisantes.

C’est la Banque Centrale qui s’est toujours opposée à l’installation des banques islamiques, protégeant ainsi le système financier conventionnel. Mais l’arrivée au pouvoir du PJD et le succès incontestable de la finance islamique devraient convaincre les récalcitrants.

Dans une interview donnée au quotidien français Le Monde, Mohamed Najib Boulif, député PJD de la circonscription de Tanger, déclarait que le Maroc ne devrait pas se priver de l’opportunité que représente, pour son économie, la finance islamique : « Il y a des réserves d’un montant de 120 milliards de dollars qui n’attendent que des lieux stables. C’est le moment opportun. Nous allons revoir notre législation de manière à permettre l’introduction de la finance islamique en bonne et due forme au Maroc ».

Abdelilah Benkirane a d’ailleurs déjà rencontré Sheikh Khalid bin Thani al Thani et Abdulbasit al Shaibei, respectivement président et directeur de Qatar International Islamic Bank (QIIB, 6ème capitalisation boursière à Doha) qui ont manifesté leur volonté d’ouvrir une banque d’investissement et une compagnie d’assurances au Maroc suivant les principes de la finance islamique. Les montages envisagés se feront à raison de 51% de parts aux Marocains, et 49% au pool d’actionnaires qataris.

D’après l’OCDE, la finance islamique absorbera près de 50% de l’épargne des musulmans dans les prochaines années. Le Maroc sera peut-être concerné.

Fedwa Misk

Fadwa Miadi