Plus de 17% des migrants de retour en Tunisie veulent réémigrer

 Plus de 17% des migrants de retour en Tunisie veulent réémigrer

Une importante étude conduite auprès d’un échantillon de plus de 200 mille migrants tunisiens révèle qu’ils sont nombreux à avoir regretté leur retour dans leur pays d’origine. Parmi eux, des personnes reconduites de force en Tunisie, mais pas seulement.

Publiée par l’observatoire nationale de la migration dans le cadre de l’exploitation des résultats de l’enquête nationale sur la migration internationale, une étude sur « les profils et trajectoires des migrants tunisiens de retour », démontre ainsi que 17,2 % des Tunisiens interviewés, dont le nombre s’élève à 211 mille personnes (176 mille hommes et 35 mille femmes), auraient fermement l’intention de ré-émigrer.

 

Qu’en est-il des « A.P.R.F » (arrêté préfectoral de reconduite à la frontière) ?

Cependant les intentions de ré-émigration chez les rapatriés de manière involontaire s’élèvent quant à elles à 21,3%, soit 4% de plus, selon la même étude publiée sur le site officiel de l’observatoire. Pourtant, l’étude a toutefois conclu que 72,2 % des répondants n’ont pas rencontré de problèmes de réintégration en Tunisie, et que 70,7% d’entre eux seraient même parvenus à améliorer leurs conditions de vie après leur séjour à l’étranger.

Autre enseignement, 19,2% des sondés disent avoir investi en Tunisie depuis leur retour. D’après l’enquête, les retours sont néanmoins de moins en moins nombreux au fil des années : la période avant 1995 et celle, post révolution, entre 2010 et 2020, ont en effet été parmi les périodes ayant connu le plus grand nombre de retours de migrants, selon la même source.

>> Lire aussi : Expulsions record de migrants tunisiens : une affaire d’Etat

L’observatoire précise que l’enquête a concerné toute personne de nationalité tunisienne âgée de 15 ans ou plus de retour en Tunisie après avoir passé une période minimum de trois mois à l’étranger.
La directrice générale de l’Observatoire national de la migration, Ahlam Hammami, a déclaré le 14 avril que l’observatoire avait annoncé en février 2023 le démarrage de l’exploitation des données et résultats de l’enquête nationale sur la migration.

Plus de 18 mille migrants tunisiens ont débarqué en Italie au cours de l’année 2022 selon un rapport du ministère de l’Intérieur Italien, publié fin décembre de la même année. Selon ce même rapport, la Tunisie est désormais le second pays d’où sont arrivés les migrants vers l’Italie en 2022, l’Égypte occupant avec 20.542 la première place du classement.

Au total, 105.140 migrants ont débarqué sur les côtes italiennes en 2022, alors qu’en 2021 ils étaient 67.477 et 34.154 en 2020. « Ils croient quitter l’enfer africain pour l’eldorado européen », ironise la responsable de l’observatoire.

Seif Soudani