Qui est Olfa Hamdi, la nouvelle PDG de Tunisair ?

 Qui est Olfa Hamdi, la nouvelle PDG de Tunisair ?

Olfa Hamdi

Le ministère du Transport et de la Logistique a annoncé aujourd’hui lundi 4 janvier 2021 la nomination de Olfa Hamdi comme présidente directrice générale de la compagnie nationale aérienne Tunisair. Ce n’est pas la première fois qu’une femme préside la compagnie à la gazelle, mais cette fois le jeune âge de l’intéressée ainsi que son CV font débat. Portrait. 

Se présentant comme pro révolution de 2011, Olfa Hamdi se dit politiquement indépendante 

 

La jeune femme de 36 ans s’apprête à prendre les commandes de Tunisair à un moment particulièrement difficile de l’histoire de la compagnie fondée en 1948. Sa première mission sera en effet d’élaborer un plan d’action stratégique pour la survie de l’entreprise publique et sa non privatisation, elle qui fut autrefois l’un des fleurons de l’économie du pays. Mi-2020, seuls huit appareils d’une flotte qui en comporte vingt-sept étaient fonctionnels, selon des sources internes.

 

Adepte du cost-killing

Le 2 décembre dernier, la compagnie avait par ailleurs fait allusion à l’activation du mode austérité face à la crise. « Etant donnée la crise sanitaire mondiale, Tunisair subit les conséquences de la baisse du trafic aérien de 70% par rapport à 2019. Nous sommes en train de réduire nos dépenses, d’abandonner certaines lignes non rentables et d’utiliser le strict minimum d’appareils qui répondent aux normes de sécurité aérienne », confessait sa direction alors par intérim.

Au-delà du bras de fer en cours avec les syndicats dans le dossier des licenciements techniques d’une partie de ses 8000 employés, il s’agira ainsi pour Hamdi de s’atteler à la lourde tâche d’assurer un développement sur la durée de Tunisair pour lui permettre d’être compétitive sur les marchés mondiaux de l’aviation, notamment européen et africain. Pour ce faire, la nouvelle PDG pourrait appliquer son credo dit du « cost-killing », consistant à réduire au maximum les grandes charges d’une entreprise.

Nommé à ce même poste en octobre 2020 en remplacement d’Elyes Mnakbi, Wassef Ayadi avait finalement décliné la nomination. Des proches du ministre des Transports Moez Chakchouk avaient expliqué que Ayadi aurait exigé une rémunération trop élevée et posé « des conditions inacceptables » par l’autorité de tutelle. Depuis le poste était resté vacant.

 

« Figure proche d’Ennahdha »

La jeune trentenaire est née à Médenine et a vécu à Gafsa, deux gouvernorats du sud tunisien, avant son exil américain. Olfa Hamdi est titulaire d’une maîtrise en génie industriel de l’Ecole centrale de Lille, d’une deuxième maîtrise en gestion de grands projets de l’Université de Boston aux Etats-Unis, ainsi qu’un diplôme supérieur en droit de l’université de droit de Texas School of Law.

Experte internationale en gestion de grands projets, Hamdi a également réalisé des audits de « mégaprojets » dans les secteurs de la pétrochimie, de l’énergie et des infrastructures. C’est un volet de son CV que la jeune femme aime à mettre en avant, notamment au moment où elle défendait sa candidature, fin 2019, au poste de ministre des Affaires étrangères. Certains avaient alors mis en doute son expérience et ses « compétences autoproclamées » en se basant sur les graphiques des grands axes de politique étrangère qu’elle avait présenté.

Elle est, également, cofondatrice et CEO de la société « Concord Project Technologies Inc. ». Selon la chaîne Attasia TV, Olfa Hamdi est « très proche de Rached Ghannouchi » qui aurait fortement appuyé sa candidature à Tunisair.

Pour l’expert économique Moez Joudi, « la dame avec tout mon respect pour son CV, n’a jamais dirigé une entreprise ni siégé dans des Conseils, elle ne connait rien à l’aérien ni à l’environnement local et international d’un secteur sensible, et on la parachute à la tête d’une entreprise qui a besoin d’un plan de sauvetage urgent mené par des spécialistes du domaine ! Il y a des hauts cadres de la compagnie qui sont mille fois plus qualifiés et expérimentés et qui peuvent mieux assurer l’affaire », regrette-t-il.

 

>> Lire aussi : Le controversé limogeage du PDG de Tunisair

Seif Soudani