« Si je suis député, je me battrai pour que le sort des quartiers populaires devienne une priorité », Salah Amokrane, candidat aux élections législatives

 « Si je suis député, je me battrai pour que le sort des quartiers populaires devienne une priorité », Salah Amokrane, candidat aux élections législatives

Salah Amokrane


Beaucoup ont été surpris que Salah Amokrane, militant associatif de longue date, engagé depuis toujours dans la défense des quartiers populaires, se présente aux élections législatives dont le premier tour aura lieu ce dimanche 11 juin.


Même lui a longtemps hésité avant de se lancer dans la bataille. Ce n’est qu’au lendemain du premier tour de la présidentielle qu’il a vraiment pris sa décision. Le Toulousain, fondateur de Tactikollectif, se présente dans la deuxième circonscription de Haute-Garonne avec le soutien d’EELV, de Benoît Hamon et de Christiane Taubira.


Le soutien de l'ex candidat socialiste à la dernière présidentielle a provoqué des remous au sein de la fédération PS locale. Gérard Bapt, candidat officiel socialiste, député sortant, l'a un peu mal pris, lui qui brigue… un neuvième mandat (élu depuis 1978 !!!!).


Salah Amokrane n’en est pas à son baptême électoral. En 2001, la liste Motivé-e-s !, une première du genre dans les quartiers populaires, qu’il conduisait avait réuni 12,5 % des voix au premier tour des élections municipales à Toulouse. Un gros score. Le voici de retour seize ans plus tard. 


LCDL : Comment se passe la campagne? 


Salah Amokrane : Plutôt bien, mais si elle a été assez courte. Je me suis décidé tardivement. Ce n’est qu’au lendemain du premier tour de la présidentielle que j'ai pris ma décision. Il a fallu donc aller au plus efficace et au plus simple en termes d’action : quelques réunions publiques, les traditionnels tractages sur les marchés… Fort heureusement, par rapport aux campagnes que j’ai pu mener il y a une quinzaine d’années, il y aujourd’hui les réseaux sociaux…

Ça change beaucoup de choses. Et puis, j'ai un passé et même un présent de militant à Toulouse qui fait que ma candidature n’est pas passée inaperçue. Les soutiens de personnalités comme Benoît Hamon ou Christiane Taubira, ont également permis à ce que les médias s'intéressent à ma candidature. La campagne se passe donc plutôt bien. Je reçois un bel accueil, notamment dans les quartiers populaires de ma circonscription. Ma candidature provoque beaucoup de sympathie, et d’intérêts. Nous avons beaucoup de discussions intéressantes et c'est bien là le principal. 


Pourquoi avoir choisi après tant d'années de militantisme de vous présenter sous l'étiquette d'un parti ? 


Je tiens à préciser que je ne suis pas sous l’étiquette d’un parti, mais « soutenu par ». Je n’appartiens à aucun parti, mais j’ai sollicité le soutien d'Europe Écologie Les Verts (EELV) et du Parti Communiste français, mais sans succès, parce que je ne voulais pas ajouter un candidat supplémentaire à gauche. Par ailleurs, je veux dire que ce qui est important, c’est le combat que je mène. Je m’affranchis aisément de ces histoires d’étiquette parce que je sais pour quelles valeurs je me bats. Le soutien de EELV est bienvenu à condition de ne pas entraver ma parole, qui restera libre, sans condition.


Mais n'avez-vous tout de même pas peur de perdre votre liberté ? 


Non ça, ce n’est pas négociable.


Si vous êtes député quels seront vos priorités ?


Si je suis élu député, je serai particulièrement attentif aux questions démocratiques et d’égalité des droits, aux questions de justice sociale en lien avec la question des quartiers populaires. Je me battrai pour que le sort des ces endroits délaissés devienne une priorité. 

L’accueil des réfugiés et de tous les exilés sera également une de mes priorités. Mais cela ne sera possible qu'à condition que les citoyens soient mobilisés et qu'il y ait l'émergence de mouvements sociaux puissants. Un député est d’autant plus utile dans ce cas là.


Si je ne suis pas élu, je  continuerai à être présent dans le débat politique, pour imposer nos questions dans les débats à venir, aux Izards (NDLR : le quartier où il a grandi), mais aussi au Mirail, à Empalot, à Bagatelle, jusqu'en Seine-Saint-Denis. Démontrer que faire de la politique c’est aussi défendre cette idée que les quartiers populaires sont une question politique de premier plan. J’espère que nous saurons créer des lieux où nous rencontrer et pourquoi pas nous unir tous ensemble.


Propos recueillis par Nadir Dendoune

Nadir Dendoune