Tunisie : Les services du FMI ont achevé la mission de consultation

 Tunisie : Les services du FMI ont achevé la mission de consultation

Les services du FMI ont achevé la mission de consultation en Tunisie

Les services du FMI ont achevé la mission de consultation au titre de l’article IV avec la Tunisie et publient leur rapport. La situation est encore plus préoccupante que l’année précédente et l’incertitude pèse sur l’avenir économique du pays.

En 2020, la récession est estimée à 8,2% et le déficit budgétaire à 11,5%. La solidarité des tunisiens de l’étranger avec leurs familles, par l’envoi résilient de fonds a atténué une partie de la situation qui aurait été plus grave. Pour 2021, un rebond de croissance de 3,8% est espéré.

Le FMI recommande d’inclure le programme de réformes à venir dans un pacte social. Il pointe la masse salariale du public qualifiée de l’une des plus élevées au monde ainsi que les déficits abyssaux des entreprises publiques. A l’issue d’une mission en Tunisie, les équipes du FMI ont publié un communiqué de  presse portant sur les conclusions préliminaires. A préciser que les opinions exprimées dans cette déclaration sont celles des services du FMI et ne représentent pas nécessairement les recommandations du Conseil d’administration du FMI.

Sur la base de ces conclusions préliminaires, les services prépareront un rapport qui, sous réserve de l’approbation de la direction, sera présenté au Conseil d’administration du FMI pour discussion et validation.

Voici en substance les remarques de la mission du FMI :

  • La Tunisie est confrontée à deux défis immédiats: sauver des vies et assurer des moyens de subsistance jusqu’à ce que la pandémie soit maitrisée ou du moins régresse. Les autorités sont pressées de commencer à stabiliser les déséquilibres économiques sur la base d’une trajectoire durable.
  • Un plan de réforme viable soutenu par la société tunisienne et les partenaires internationaux de développement est essentiel pour contribuer à une croissance durable et inclusive à moyen terme.
  • Les services du FMI encouragent les autorités à continuer de renforcer les fondamentaux de protection sociale et à accroître les investissements publics.

Il faut savoir qu’une équipe des services du Fonds monétaire international (FMI) dirigée par Chris Geiregat a mené une mission à distance du 9 au 18 décembre 2020. Et du 4 au 13 janvier 2021 dans le cadre de la consultation de 2020 au titre de l’article IV avec la Tunisie.

À l’issue de la mission, M. Geiregat a fait la déclaration suivante:

«La Tunisie a été durement frappée par Covid-19. La mission du FMI tient à exprimer ses condoléances et sa solidarité à tous les Tunisiens touchés par la pandémie et salue ceux qui ont travaillé sans relâche pour sauver la vie de leurs concitoyens. Dans la même déclaration du responsable on peut lire :

>> Lire aussi :Tunisie. Il faudra dorénavant être en règle avec le fisc pour payer sa vignette

«Les autorités ont réagi efficacement pour endiguer la propagation du virus.  En apportant un soutien immédiat au secteur de la Santé, aux personnes touchées et aux entreprises. Pourtant, les services du FMI estiment que le PIB réel s’est contracté d’un niveau sans précédent de 8,2% en 2020, entraînant une augmentation de la pauvreté et du chômage. Le déficit du compte courant devrait s’être réduit en réponse à une forte baisse de la demande d’importations et à des envois de fonds résilients, malgré une forte baisse des exportations et l’effondrement des recettes touristiques. On estime que le déficit budgétaire s’est creusé pour atteindre 11,5% du PIB, notamment en raison de la baisse des recettes, d’une masse salariale plus élevée et des transferts supplémentaires aux entreprises publiques.

«Les services du FMI s’attendent à ce que la croissance du PIB rebondisse à 3,8% en 2021, alors que les effets de la pandémie commencent à diminuer. Cependant, et au flou qui entoure la mise en place d’une stratégie de vaccination.

Plusieurs entreprises publiques sont très endettées

«Les services du FMI et les autorités conviennent que la Tunisie est actuellement confrontée au double défi de sauver des vies et des moyens de subsistance jusqu’à ce que la pandémie s’atténue, tout en commençant à ramener les déséquilibres budgétaires et extérieurs sur une trajectoire durable. Ainsi, il est essentiel de prioriser strictement les dépenses de santé et de protection sociale. Parallèlement, il faudra contrôler la masse salariale, les subventions énergétiques mal ciblées et les transferts aux entreprises publiques. Le budget 2021 vise à atteindre cet équilibre. Le déficit budgétaire devant se réduire à 6,6% du PIB. Cependant, des mesures spécifiques sont nécessaires pour soutenir cet objectif et, en leur absence, le personnel prévoit un déficit plus élevé de plus de 9% du PIB.

«Les perspectives à moyen terme et la viabilité de la dette publique dépendent de l’adoption par les autorités d’un plan de réforme crédible et bien communiqué qui bénéficie de la forte adhésion de la société tunisienne et des partenaires internationaux au développement. À cette fin, il serait essentiel d’obtenir le soutien des parties prenantes concernées sur les questions relevant de leur compétence. Un tel «pacte social» pourrait couvrir la masse salariale de la fonction publique (actuellement parmi les plus élevées au monde), la réforme des subventions, le rôle des entreprises publiques dans l’économie, le secteur informel, l’équité fiscale, les réformes anti-corruption et l’environnement des affaires.

«Plusieurs grandes entreprises publiques sont très endettées et ont accumulé des arriérés. Celles-ci ont pu tenir grâce aux garanties gouvernementales, qui présentent toutes des risques fiscaux et financiers. Le FMI salue les efforts des autorités pour commencer à résoudre certains des arriérés croisés. Le FMI  encourage également les autorités à adopter un plan de réforme à moyen terme. Les entreprises publiques en fonction de leur viabilité financière, de leur importance stratégique et la nature de leurs activités. Centraliser  leur contrôle dans une seule entité. Renforcer la gouvernance d’entreprise. Et,  améliorer la transparence des entreprises ainsi que celles des rapports financiers. L’amélioration de la situation financière du système d’assurance sociale réduirait également les risques budgétaires. Un rapport mitigé, certes, mais qui donne de l’espoir si les bonnes décisions sont prises.

 

Mishka Gharbi