Ukraine : Brahim Saadoun n’est pas un « mercenaire », selon l’Ambassade du Maroc

 Ukraine  : Brahim Saadoun n’est pas un « mercenaire », selon l’Ambassade du Maroc

Le Marocain Brahim Saadoun (à droite) et les Britanniques Aiden Aslin et Shaun Pinner, lors de leur procès devant un tribunal à Donetsk. © Konstantin Mihalchevskiy / Sputnik / AFP

Les séparatistes de Donetsk n’en démordent pas. Ils refusent pour l’heure de modifier la peine capitale pour Brahim Saadoun, capturé par les forces pro-russes au Donbass en Ukraine. Les appels à l’aide de ses amis et famille n’ont pas eu raison de la décision.

 

Ils sont 4 à risquer la peine de mort en Ukraine : 3 Britanniques (Andrew Hill, Aiden Aslin, Shaun Pinner) et un Marocain, Brahim Saadoun. Faisant partie de la Ligue Internationale de Défense de l’Ukraine (LIDU), les Anglo-saxons ont été arrêtés près de Marioupol par les forces séparatistes de Donetsk. Brahim Saadoun pour sa part, a été capturé dans le Donbass.

Selon une amie réfugiée ukrainienne vivant au Royaume-Uni, Zina Kotenko, Brahim Saadoun serait âgé de 21 ans. Il est décrit comme « gentil », « ouvert d’esprit » et « joyeux ». Alors que les pro-Russes considèrent Brahim Saadoun comme un mercenaire, un autre ami du Marocain, Dmytro Khrabstov permet d’en savoir un peu plus. Lors d’une déclaration à l’agence de presse PA, il indique que le Marocain se faisait appeler « Brian », avait rejoint l’armée ukrainienne durant l’été. Il confirme aussi les dires de Zina Kotenko, ajoutant que celui-ci est « brillant », « enthousiaste », « rêvant de la technologie du futur et de la façon de changer le monde.

>> Lire aussi : Ukraine : Plus de cent jours de guerre et un système de santé aux abois

Un « simulacre de jugement sans légitimité »

Pour les séparatistes de Donetsk, pas de doute ! Brahim Saadoun serait un mercenaire. Ce que réfute complètement le père du Marocain, Tader Saadoun. Allant dans le même sens et après quelques jours de silence, l’Ambassade du Maroc en Ukraine est revenue sur les informations qui concernent Brahim Saadoun. Les diplomates marocains confirment que Brahim Saadoun est un « soldat capturé dans le cadre d’une guerre ». Selon un communiqué, il faisait partie des « troupes régulières et n’était pas un mercenaire. Il portait l’uniforme de l’armée de l’Etat d’Ukraine en tant que membre d’une unité de la marine ukrainienne ». Toujours selon l’Ambassade, Brahim Saadoun « s’est enrôlé de sa propre volonté dans l’armée ukrainienne » et disposerait de la nationalité ukrainienne, ce que confirme le père de l’intéressé.

Le gouvernement de Donetsk affirme avoir commis d’office des avocats pour les étrangers sur son sol. La ministre des Affaires étrangères de l’entité séparatiste affirme même que « Ni le Maroc, ni la Grande-Bretagne n’ont contacté notre pays ». Selon elle, les deux pays « ne sont pas intéressés par le sort de leurs citoyens. »

Une position difficile à défendre car toute la difficulté de Brahim Saadoun est d’être emprisonné par une entité qui n’est reconnue ni par les Nations unies ni par le Royaume du Maroc. Du côté britannique, la cheffe de la diplomatie, Liz Truss a même qualifié le verdict de « simulacre de jugement sans légitimité ». Parlant de « procès-spectacle illégal », le Foreign Office demande à ce que soient « accordés tous les droits d’un prisonnier de guerre conformément à la convention de Genève. »

 

Yassir Guelzim

Yassir GUELZIM

Journaliste Print et web au Courrier de l'Atlas depuis 2017. Réalisateur de documentaires pour France 5.