Vient de paraitre : “Une révolte tunisienne, la légende de Chbayah” : les émeutes du pain en BD

 Vient de paraitre : “Une révolte tunisienne, la légende de Chbayah” : les émeutes du pain en BD

Avec des planches à l’aquarelle et au feutre et à travers un style varié, les auteurs reviennent sur un pan de l’histoire de la Tunisie

Alifbata, la jeune maison d’édition basée à Marseille publie la version française du roman graphique tunisien “Une révolte tunisienne, la légende de Chbayah”.

 

C’est l’hitoire d’un pays. En 1983, la Tunisie vit sous l’emprise autoritaire du père de l’indépendance, devenu président à vie, Habib Bourguiba. Alors que son régime s’essouffle et l’économie vacille, le gouvernement supprime les subventions aux produits céréaliers de première nécessité, sur injonction du FMI. Du 30 décembre 1983 au 6 janvier 1984, la Tunisie s’embrase.

C’est le Sud du pays qui donne l’alerte, le reste suivra comme une trainée de poudre. L’armée est appelée en renfort. Ce soulèvement populaire marquera l’histoire et sera connu sous le nom, « émeutes du pain » qui seront réprimées dans le sang.

Durant cette insurrection, les Tunisiens découvrent une radio pirate animée par un mystérieux personnage qui sème la zizanie parmi les forces de l’ordre. Qui se cache derrière cette voix devenue une véritable légende ? Les auteurs, Seif Eddine Nechi et Aymen Mbarek imaginent un duo attachant et courageux. À l’aide d’un vieux talkie-walkie trafiqué, vestige de l’armée américaine, un petit fils et son grand-père détournent et sabotent les transmissions radiophoniques des militaires.

Pendant des journées tragiques, la radio pirate nargue la police et l’armée, en diffusant de fausses informations, en prêtant main forte aux rebelles. Cette voix mystérieuse, on finit par lui donner le surnom de Chbayah, en référence à Casper, le gentil et dodu fantôme des dessins animés.

Faire connaître des voix différentes du monde arabe

Chbayah se chargera donc d’animer la révolte des Tunisiens.  Le duo Aymen Mbarek et Seif Eddine Nechi nous proposent une narration fictive d’événements réels. Ils mettent en action ce petit garçon, Salem, devenu manchot quelques jours auparavant, lors d’un accident de circulation, et son grand-père, vétéran de la deuxième guerre mondiale.

Avec des planches à l’aquarelle et au feutre et à travers un style varié, les auteurs reviennent sur un pan de l’histoire de la Tunisie. Entre documentaire et fiction, ils revisitent de manière à la fois sérieuse et drôle, un demi-siècle d’histoire tunisienne. De la Seconde Guerre mondiale à la fin du règne autoritaire de Bourguiba, en passant par la sanglante répression de la gauche, dans les années 1970.

Une révolte tunisienne, la légende de Chbayah est le premier album long format, publié en papier, qui paraît en arabe, en Tunisie. Marianne Babut s’est chargée de la  traduction française, publiée chez Alifbata.  Une jeune maison d’édition basée à Marseille et spécialisée dans la bande dessinée arabe.

Avec cette publication, Alifbata s’affirme comme l’éditeur reconnue de la bande dessinée en arabe, traduite en français. A l’origine, Simona Gabrieli, l’éditrice lance en 2012 une structure associative. Elle avait commencé par organiser des ateliers pédagogiques d’alphabet arabe et de calligraphie.  Son objectif étant de faire connaître des voix différentes du monde arabe, à travers des projets interculturels. Simona Gabrieli explore depuis quelques années la bande dessinée arabe. Visiblement cela lui réussit bien.

>> Lire aussi :African Creative Talents : Des formations pour les dessins animés africains

Mishka Gharbi