1 travailleur sur 5 en Île-de-France est un immigré

 1 travailleur sur 5 en Île-de-France est un immigré

Des immigrés, ouvriers du bâtiment, travaillant sur un chantier à Paris. JOEL SAGET / AFP / 2019

Les immigrés représentent plus d’un travailleur sur cinq en Île-de-France. C’est ce que révèle une étude de l’INSEE sur la main-d’œuvre étrangère en France. L’enquête montre entre autres une surreprésentation des travailleurs étrangers dans les métiers difficiles ; de la construction aux emplois domestiques.

Plus de 20% des actifs en Île-de-France sont des travailleurs immigrés, qui occupent massivement des emplois « difficiles ». Ce sont pourtant les métiers « essentiels » du BTP ou des services aux particuliers, selon une étude statistique de l’INSEE qui offre une radiographie de cette main-d’œuvre d’origine étrangère.

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La région parisienne connait en outre la plus forte proportion de l’Hexagone. La part des travailleurs étrangers y est deux fois plus que dans le reste de la France métropolitaine. Au total, 1,25 million d’immigrés travaillaient dans la région en 2018 (22,1%), selon l’étude parue jeudi.

Le taux reste cependant stable sur une décennie. Les travailleurs immigrés représentaient 21,4% de la population active en Île-de-France en 2008, 23% en 2013. En proportion, c’est bien plus que le taux d’emploi de cette population dans d’autres régions, qui oscille entre 4% en Bretagne ou en Normandie et 12% en Corse.

 

Des emplois peu qualifiés, mais essentiels

Ces travailleurs, qui se concentrent surtout en Seine-Saint-Denis, département le plus pauvre de métropole. Ils sont pour moitié originaires d’Afrique, essentiellement d’Algérie, du Maroc, d’Afrique centrale et subsaharienne, détaille l’institut. Ils sont « surreprésentés dans les emplois peu qualifiés, très difficiles, mais indispensables au bon fonctionnement d’un territoire », observe Mustapha Touahir, chef du service régional de l’INSEE.

Selon l’étude, plus de six aides à domicile, aides ménagères ou employés de maison sur dix (61,4%) étaient immigrés en 2018. Ces derniers représentaient également près de deux tiers de l’emploi total (60,8%) du gros œuvre du bâtiment et des travaux publics. En outre, un cuisinier sur deux et près de la moitié des agents de gardiennage et de sécurité (47%), agents d’entretien (45%) et assistantes maternelles (43%) étaient immigrés en Île-de-France.

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Or, ces métiers qui se caractérisent « par des conditions de travail plus contraignantes que la moyenne ». À la fois « en termes d’efforts physiques, de tâches répétitives ou d’horaires », relève l’institut statistique. Raisons qui pourraient expliquer les difficultés de recrutement, avance l’INSEE.

« La tension de recrutement est source d’enjeux d’autant plus forts qu’il s’agit là, pour partie, de métiers clés, dits « essentiels » (…). Certains ont même été en « première ligne » lors de la crise sanitaire », période pendant laquelle 76% des agents de propreté étaient immigrés.

 

Sous représentés dans les professions intermédiaires et supérieures

À l’inverse, cette main-d’œuvre est largement sous-représentée parmi les cadres ou professions intermédiaires administratives (9%). « Il n’y a aucun emploi très qualifié dans lequel ils seraient surreprésentés », relève Mustapha Touahir. Mais, il ne s’agit pas nécessairement d’une question de compétences, selon l’INSEE.

« On mesure des situations de déclassement, avec des immigrés qui n’occupent pas des emplois à la hauteur du diplôme qu’ils ont obtenu », poursuit le statisticien. Une situation dont les explications sont « multiples », mais dont « les phénomènes de discrimination » sont un « élément d’explication », estime-t-il.

Tout comme l’obligation de disposer d’un diplôme européen ou reconnu par l’État pour exercer certaines professions, notamment médicales. En Île-de-France, ce sont ainsi près de 40 000 travailleurs immigrés BAC+5 qui occupent un emploi d’ouvrier ou d’employé, note l’INSEE. Par comparaison, seuls 56% des immigrés détenteurs d’une licence accèdent aux professions intermédiaires ou supérieures, contre 80% pour les non-immigrés.

Mohamed C.