Alger s’enfonce dans le bourbier du Sahel

 Alger s’enfonce dans le bourbier du Sahel

Illustration – Un djihadiste du Mujao, au Mali. ISSOUF SANOGO / AFP

A l’heure actuelle, il n’y a plus de doute, l’assassinat abject, le corps découpé en morceaux et calciné du policier retrouvé dans un égout portent la signature de Daech. Cherkaoui Habboub, le patron du BCIJ, a donné, au cours d’une conférence de presse, plus de détails sur cette cellule terroriste.

Lors de leur interrogatoire, les suspects « ont annoncé avoir récemment prêté allégeance à l’émir présumé de Daech et ont avoué qu’ils projetaient de participer à un projet terroriste local dans l’objectif de porter gravement atteinte à l’ordre public après avoir échoué à rejoindre l’organisation terroriste dans les pays du Sahel ».

Dans ce nouvel Afghanistan… désert propice à divers trafics et de kidnappings avec  prise d’otages à la clé, la complicité d’États voyous de la côte ouest, de l’Algérie au nord, l’islam radical semble avoir mis sous sa coupe tout le nord du Mali.

La perspective d’un Afghanistan malien est d’autant plus annonciatrice de grosses menaces pour les pays de la région, y compris le Maroc que la France par services algériens interposés a longtemps joué à manipuler les acteurs de ce scénario noir qu’aujourd’hui l’hydre terroriste profitant de l’anarchie créée par la guerre de Libye (encore un cadeau de la France de Sarkozy à l’Afrique du Nord) a complètement vampirisé l’islam africain symbolisé par Tombouctou, la cité sainte aux 300 000 manuscrits de l’antique civilisation négro-musulmane. S’il est devenu fréquent de voir flotter le drapeau noir sur les jeeps des djihadistes dans le désert du Sahel, c’est bien grâce au grenouillage de la France et de son bras droit algérien.

Le Sénégal, la Mauritanie, le Niger, le Maroc, tous pays musulmans, observent quasi impuissants, au dépeçage d’un Mali soumis au bon vouloir des djihadistes renforcés par les intégristes fuyant le bourbier somalien et de la perte d’influence des Touaregs, au même moment où les services algériens sont en train de perdre pied dans les sables mouvants du désert malien.

Depuis qu’il a froidement reçu une fin de non-recevoir de la part du président malien Assimi Goïta, le général-major Mehenna Djebbar, patron depuis juillet 2022, de la Direction générale de la documentation et de la sécurité extérieure (DGDSE), les services secrets algériens, ne sait plus où donner de la tête. Pourtant la DGDSE dispose d’une armada d’espions et de moyens techniques d’espionnage à Bamako. Mais malgré son entregent, le colonel Farouk, l’attaché militaire algérien dans la capitale malienne, est lui aussi en perte de vitesse.

On apprend aussi (et c’est le site très bien informé de Africa Intelligence) que le patron de la DGDSE qui a repris langue avec Mohamed Médiène, dit « Toufik », ex-directeur du Département du renseignement et de la sécurité (DRS) évolue désormais « dans le sillage de « Toufik », qui a pu entretenir des relations avec les figures du djihadisme du nord du Mali pour y contenir la menace terroriste. Que ce soit avec Iyad ag Ghali, dans la zone de Kidal; Mokhtar Belmokhtar, à Gao; des grands trafiquants actifs au sein du défunt Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao); ou encore, à Tombouctou, Abdelhamid Abou Zeid d’Al-Qaeda au Maghreb islamique (AQMI). Le défunt service algérien DRS a su traiter, et donc manipuler, ces interlocuteurs délicats ».

Manipuler des terroristes (que ce soit pour les besoins glauques de la décennie noire en Algérie, ou pour tenter de déstabiliser les pays voisins), c’est un peu faire le remake de l’histoire de ce savant fou, Victor Frankenstein, qui parvient à donner vie à un cadavre d’homme. Horrifié par le monstre qu’il vient de créer, il va l’abandonner et la créature, livrée à elle-même, va finir par terroriser tout le monde.

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Abdellatif El Azizi