Adda Abdelli : « Mon handicap ne m’a jamais empêché de faire ce que je voulais”

 Adda Abdelli : « Mon handicap ne m’a jamais empêché de faire ce que je voulais”


L'auteur, comédien, cocréateur et coscénariste de la série Vestiaires diffusée sur France 2 revient sur l'handicap en Algérie. Il est l'auteur de Comme sur des roulettes, Editions Michel Lafon


"En 1967, ce n’était même pas la peine de parler d’accessibilité ou quoique ce soit en Algérie. Avec l’indépendance, le pays avait d’autres défis à relever. Il n’y avait rien de prévu pour les handicapés. Je n’étais pas scolarisé, car aucun établissement ne pouvait me recevoir (il perd l’usage de ses deux jambes à la suite d’une polio contractée à l’âge de 1 an, ndlr). Je passais de la tristesse de ne pas pouvoir bouger à la joie d’être porté par mes frères et ma sœur. J’ai grandi dans cette idée que l’on est handicapé parce que Dieu l’a décidé ainsi. Ce qui est extraordinaire, c’est que, souvent, la solidarité remplace la loi. A l’âge de 8 ans, dans le cadre d’une convention de soins entre la France et l’Algérie, j’ai dû quitter mes parents. C’était d’une violence inouïe d’être séparé de ma famille, je ne connaissais pas la langue.


J’ai pu enfin aller à l’école : d’abord dans un établissement spécialisé, puis en milieu scolaire ordinaire. Je ne peux pas dire que j’ai eu une adolescence comme tout le monde, surtout avec les filles ! Pas besoin de boutons d’acné pour les repousser, mes béquilles suffisaient largement ! Aujourd’hui, certains me disent que le succès de la série est une jolie revanche sur la vie… Je ne crois pas. Mon handicap ne m’a jamais empêché de faire ce que je voulais. Le paradoxe de l’histoire veut que je sois célèbre à cause de mon handicap, alors que, durant des années, je m’en suis plaint. La vie est une farceuse.


Ce qui est extraordinaire, c’est que ceux qui me voient en train de plaisanter à la télé, se disent : ’Merde, ça existe’, et c’est ainsi qu’on ouvre le champ des possibles. Récemment, quand je suis retourné en Algérie, j’ai vu ces quelques progrès, ces nouvelles constructions qui tiennent de plus en plus compte de l’accessibilité."


 


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Samira Houari