Algérie. La start-up Yassir qui n’en finit pas de grandir

 Algérie. La start-up Yassir qui n’en finit pas de grandir

Après l’Algérie, le Maroc et la Tunisie, Yassir vient d’arriver en France et veut continuer son expansion en Afrique.

Arriver à se hisser au rang de start-up d’envergure régionale dans un pays peu favorable à l’entrepreneuriat. C’est l’exploit qu’a réalisé l’entreprise algérienne Yassir. Elle fournit aujourd’hui des services de taxis et de livraison alimentaire, non seulement en Algérie, mais aussi chez ses voisins du Maghreb.

La start-up algérienne Yassir, qui fournit des services de taxis et de livraison alimentaire, s’est imposée en Algérie en à peine cinq ans. Elle est même partie à la conquête des marchés tunisiens et marocains, devenant une entreprise régionale d’envergure. Désormais, ses fondateurs visent le marché mondial.

Les deux ingénieurs algériens Noureddine Tayebi et Mehdi Yettou ont d’ailleurs réussi un joli coup fin 2021. Ils ont levé millions de dollars auprès d’investisseurs américains afin de financer l’expansion de Yassir à l’international.

 

Un ancien de la Silicon Valley

Avec ces succès, les deux ingénieurs ont dû s’armer de patience pour affronter la bureaucratie algérienne. Fidèle à sa réputation elle est peu propice aux affaires et se base sur une réglementation moins favorable qu’ailleurs aux start-ups. L’administration « fait partie des obstacles qu’il faut surmonter. Je ne dis pas que c’est facile ; mais il faut faire avec et aller de l’avant », raconte M. Tayebi. L’effort a payé. Depuis son lancement, Yassir a généré plus de 40 000 emplois indirects (chauffeurs et livreurs) et enregistre « une progression exponentielle de 20 à 40% de son chiffre d’affaires mensuel », ajoute-t-il.

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Avant de lancer Yassir, il travaillait dans la Silicon Valley aux États-Unis. Conclusion d’un parcours d’excellence passé par l’école polytechnique d’Alger et un doctorat à l’université américaine Stanford. Il a alors décidé de quitter sa zone de confort pour venir créer en Algérie une application de taxis à la commande.

 

À la conquête du monde

L’Algérie, comme la Tunisie voisine, est un terrain favorable à ce genre d’application. Pris en étau entre un déficit chronique de transports en commun et des chauffeurs de taxi peu accommodants, les citadins maghrébins ont rapidement adopté les applications permettant de commander VTC et taxis.

En Tunisie, Yassir est en concurrence frontale avec Bolt. La start-up estonienne, arrivée la première sur ce marché, voit aujourd’hui sa domination remise en cause par l’entreprise algérienne. Mais Yassir est aussi présente au Maroc, au Canada et même en France depuis le début de l’année. Au total, elle revendique 4 millions d’utilisateurs dans 25 villes.

Grâce à la dernière levée de fonds, l’entreprise va pouvoir lancer son plan d’expansion. Après le Sénégal, où le service démarre à peine, Yassir sera bientôt disponible ailleurs en Afrique de l’Ouest, mais aussi en Afrique du Sud, au Nigéria et en Égypte. Dans ces pays, elle devra cependant affronter des poids lourds du secteur, tels que l’Américaine Uber et le Français Heetch.

 

Plus gros employeur d’ingénieurs

Pour grandir, Yassir doit aussi recruter des centaines de cerveaux. Yassir « est déjà le plus gros employeur d’ingénieurs informaticiens au Maghreb – plus de 600 – et nous voulons tripler voire quadrupler ce chiffre », indique M. Tayebi.

Aujourd’hui, la start-up se prépare à développer ses propres services de paiement en ligne, une solution encore balbutiante en Algérie. Pour le moment, les clients payent leurs commandes, à réception et en liquide faute de confiance dans les transactions en ligne.

« Si on utilise bien nos services à la demande, on finira par avoir une base d’utilisateurs importante qui nous fera confiance. Et c’est là où c’est pertinent d’introduire des services de paiement », estime-t-il.

Rached Cherif