Annulation de l’élection de Meyer Habib pour « irrégularités et manœuvres »

 Annulation de l’élection de Meyer Habib pour « irrégularités et manœuvres »

© Georges Gonon-Guillermas / Hans Lucas / AFP

Le Conseil constitutionnel a annulé l’élection du député Meyer Habib dans la 8e circonscription des Français de l’étranger. La justice pointe « irrégularités et manœuvres de nature à altérer la sincérité du scrutin ». Un nouveau scrutin se tiendra donc dans les trois mois.

C’était la dernière série d’examens des recours concernant les élections législatives du juin 2022. L’annonce de l’annulation de l’élection de Meyer Habib a eu lieu en pleine visite à Paris du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, dont il est proche.

Dans la 8e circonscription des Français de l’étranger, qui recouvre notamment Israël, la Grèce et l’Italie, le Conseil constitutionnel a estimé le 3 février que « des sympathisants de M. Habib avaient, en méconnaissance des dispositions de l’article L. 49 du code électoral, diffusé le jour du second tour de scrutin sur divers réseaux sociaux des messages appelant à voter pour ce candidat ».

 

Le « bouclier d’Israël à l’Assemblée nationale »

Il note aussi que « M. Habib avait mis en place des permanences téléphoniques et des centres d’aide mobilisant un nombre significatif d’opérateurs à destination des électeurs rencontrant des difficultés pour voter par voie électronique ». À l’occasion de ces appels, « il a pu irrégulièrement être proposé aux électeurs de voter par internet à leur place ». Pour le Conseil constitutionnel, « ces irrégularités et manœuvres ont été, au regard de l’écart de voix constaté au second tour, de nature à altérer la sincérité du scrutin ».

Meyer Habib est par ailleurs visé par une enquête pour « détournement de fonds publics », suite à un signalement de Tracfin. Les enquêteurs soupçonnent des irrégularités dans la rémunération de ses collaborateurs parlementaires. Cet allié du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, siégeait au sein du groupe UDI lors de la précédente législature. Il n’a jamais caché son soutien à la politique de colonisation de l’État hébreu.

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Il se vantait ainsi en 2017 d’être le « bouclier d’Israël à l’Assemblée nationale ». Plus récemment il a utilisé son statut d’élu français pour diffuser des consignes de vote pour l’élection municipale à Jérusalem.

 

Bientôt ambassadeur ?

« Hélas, les calomnies, les mensonges et les manipulations ont eu raison du choix libre de mes compatriotes qui m’ont élu député pour la troisième fois. Cette décision se base sur de faux documents », a réagi l’intéressé. Il a aussi condamné une « décision politique » du Conseil constitutionnel.

À peine démis de sa fonction de député, M. Habib pourrait cependant rapidement rebondir à l’ambassade d’Israël à Paris. Selon lui, Benjamin Netanyahu lui avait par le passé proposé le poste d’ambassadeur. Or l’actuel représentant, Yaël German, a annoncé son départ en raison de l’orientation politique du nouveau gouvernement israélien.

Rached Cherif